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Onomastique

  • Sébastien NADIRAS, 15 août 2018 | 3 août 2012

    S’attachant à l’étude des noms propres, et principalement des noms de lieux et de personnes (toponymie et anthroponymie), l’onomastique constitue, à proprement parler, une branche de la linguistique. Cette discipline, dont on a coutume d’affirmer qu’elle se situe « au carrefour des sciences humaines », entretient toutefois de nombreux liens avec la science historique.
    Cette rubrique offre tout d’abord un survol bibliographique sommaire de la discipline : manuels généraux, grands corpus de noms (sous forme papier et pour le domaine français pour l’essentiel). Une seconde partie présente ensuite les quelques entreprises de recherche (abouties ou à l’état de projet) intéressant plus particulièrement la toponymie et l’anthroponymie de la période médiévale.
    D’autres rubriques du site peuvent être utiles aux recherches toponymiques et anthroponymiques que l’on aura bien sûr soin de consulter : Cartes médiévales, Diplomatique (section Sources), Latin médiéval, Langues et littératures françaises (voir notamment pour ces deux rubriques les sections consacrées aux dictionnaires et aux lexiques).

    L’onomastique est une discipline relativement jeune : les premiers travaux véritablement scientifiques en la matière ne remontent pas au-delà du dernier tiers du XIXe siècle. Son essor est lié aux progrès de la linguistique historique et de la philologie, et elle relève aujourd’hui, stricto sensu, des sciences du langage.
    Depuis longtemps toutefois, les historiens, notamment médiévistes, ont fait du nom un objet d’étude. C’est ainsi l’un d’eux, Auguste Longnon († 1911), que l’on qualifie généralement de « fondateur » des études de toponymie française. Avant lui, l’historien champenois d’Arbois de Jubainville avait fait des toponymes gallo-romains formés avec le suffixe -iacum le principal matériau de ses Recherches sur l’origine de la propriété foncière (…) en France (1890), tandis que les ouvrages de Ferdinand Lot († 1952) sur la Gaule et sur le haut Moyen Âge accordent une place importante aux données onomastiques, en lien notamment avec les questions ethniques.
    L’intérêt des médiévistes pour le nom s’est depuis lors maintenu, selon des perspectives toutefois renouvelées : nul ne songe plus aujourd’hui à voir un « Germain » dans tout porteur de « nom germanique » au haut Moyen Âge, non plus que dans chaque toponyme le reflet fidèle et direct de la réalité historique, topographique, ou autre, du lieu désigné. Les ouvrages de Michel Roblin sur l’occupation du sol en Picardie et Île-de-France montrent ainsi le profit que l’on peut tirer de données toponymiques (notamment hagiotoponymiques) désormais confrontées avec les autres types de sources, notamment textuelles et archéologiques (Le terroir de Paris aux époques gallo-romaine et franque, et Le terroir de l’Oise aux époques gallo-romaine et franque, Paris, 1951 et 1978). Les travaux plus récents adoptent pour leur part le point de vue de « celui qui nomme » (notaires de chancellerie, locuteurs, etc.), faisant du toponyme l’élément d’un système de perception ou de représentation de l’espace (voir par exemple la thèse de Blandine Vue, Microtoponymie et archéologie des paysages à Neuilly-l’Évêque (Haute-Marne) du XIIIe au XXe siècle, Université de Nancy 2, 1997, ou le Dictionnaire des noms de lieux du département de l’Aisne de Jean-Claude Malsy, Paris, Société française d’onomastique, 1999-2001, 3 vol.).
    En matière d’anthroponymie, les médiévistes considèrent désormais le nom de façon non plus statique mais dynamique en analysant l’acte de nomination et les conditions de transmission du nom − la reconstitution des lignages via la généalogie étant ici déterminante. On consultera à ce sujet les travaux du GREHAM, Groupe de recherche européen sur l’histoire de l’anthroponymie médiévale (six volumes publiés par l’université de Tours de 1989 à 2008), ainsi que la présentation générale de la problématique par Monique Bourin (De l’usage de l’anthroponymie en histoire médiévale). Plus récemment, et dans le sillage de ces travaux, c’est la question des migrations qui a été revisitée par les médiévistes à la lumière de l’anthroponymie. Pour reprendre l’expression de François Menant, le nom de personne est désormais bel et bien considéré comme un « document d’histoire sociale ».


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