Cette rubrique est consacrée à l’iconographie moderne du Paris médiéval : gravures et dessins du XVIe au XIXe siècle, en privilégiant les représentations d’édifices disparus ou transformés. Elle est organisée par monuments, classés par ordre alphabétique selon la fonction (abbaye, église, hôtel...) puis le vocable (Saint-Victor, Saint-Jacques de la Boucherie, de Nesle...). En cliquant sur la vignette ou sur le titre, on accède au document disponible sur internet, en meilleure résolution. Lorsqu’il y a lieu, un renvoi est fait aux articles de la rubrique « iconographie médiévale », afin de permettre la comparaison entre les représentations d’un même monument au Moyen Âge et à l’époque moderne.
_Pour l’instant, conformément à l’esprit de la rubrique « iconographie » de « Paris médiéval », nous bornons les références aux images en ligne. Ce parti-pris explique l’absence de nombreuses représentations bien connues mais pas encore numérisées, que l’on peut trouver dans la série « Topo Va » du Département des Estampes à la BnF, dans les collections du musée Carnavalet, etc. Les articles de cette rubrique sont donc très loin de l’exhaustivité et doivent être complétés par des recherches dans d’autres fonds et dans la bibliographie, mais ils permettent une première approche sur l’iconographie moderne du Paris médiéval. Par ailleurs, pour fournir un lot d’images assez conséquent, nous avons choisi de privilégier dans un premier temps des notices très brèves, sans aucun commentaire. Mais l’ambition est d’aboutir à des articles plus fournis, comme celui sur le cimetière des Saints-Innocents, avec une présentation rapide du monument, un commentaire succinct des images et quelques références bibliographiques essentielles. Petit à petit, la rubrique va donc s’étoffer, aussi bien en matière de contenu textuel que d’illustrations.
Vue du couvent des Augustins, eau-forte d’Israël Silvestre, XVIIe siècle. La Roche-sur-Yon, musée municipal, 2010.0.363
De 1370 à 1789, la Bastille a protégé le front oriental de Paris. Cette forteresse de plan rectangulaire terminée en terrasse, cantonnée de huit tours circulaires desservies par des tours en à vis en-œuvre et bordée d’un fossé polygonal, servait aussi de prison et de résidence refuge pour le roi. Charles V l’avait fait bâtir sur la nouvelle enceinte au lieu de la porte Saint-Antoine, en pendant du Louvre. Les transformations engagées sous Charles VI modifièrent son rapport avec la ville : on lui annexa une nouvelle porte Saint-Antoine au nord, puis on ferma les accès à l’est et à l’ouest. L’ancienne porte passait alors aux yeux des Parisiens pour un "chastel royal". Cinq statues décoraient le seuil de la façade orientale avec, de part et d’autre d’un saint Antoine, les figures de Charles V, de Jeanne de Bourbon et de leurs enfants, le dauphin Charles et le futur Louis d’Orléans.
Alors que la Bastille s’imposa rapidement comme un modèle de construction dans tout le royaume de France, les peintres ne semblent pas l’avoir représentée avant le milieu du XVe siècle. On en recense, pour la période médiévale, huit occurrences dans sept manuscrits différents, datés entre 1452 et 1524. Le monument - toujours figuré depuis l’extérieur soit isolément, soit dans des vues générales de la ville - illustre surtout des textes traitant de l’histoire récente. On ajoutera à cette liste un dessin technique, connu par l’intermédiaire d’une gravure moderne.
L’aspect général de cet édifice disparu est bien documenté par les sources textuelles médiévales et par l’iconographie moderne, postérieure à la construction du boulevard en 1553. Le décor sculpté, bien visible dans les images du XVIIe et du XVIIIe siècle, n’a guère retenu l’attention des peintres de la fin du Moyen Âge qui se sont en revanche plus à représenter la structure architecturale sous tous les angles.
Scène de siège figurant un assaut de la Bastille par le Maître d’Antoine de Bourgogne, Bruges, vers 1470-1475, peinture sur parchemin, 193 x 200 mm - BnF, Fr. 2645, f. 116v, détail.
La miniature illustre le récit du siège de Brest (1386) décrit par Froissart au chapitre XXIIII du troisième livre de ses Chroniques. Mais, dans ce luxueux exemplaire des Chroniques de Froissart destiné à Louis de Bruges, seigneur de la Gruuthuse, l’enlumineur a figuré la Bastille Saint-Antoine de Paris au lieu d’un château de fantaisie ou des "bastilles de Brest" rénovées en 1464.
La forteresse de la Bastille est représentée sous un angle nord-est, isolée de son contexte urbain ; elle a été identifiée par J. Mesqui (1991) qui en a reconnu les principales caractéristiques (plan rectangulaire de l’édifice couvert en terrasse, façade orientale flanquée de quatre tours, fossé polygonal). Mais, dans les détails, les entorses avec la réalité sont assez nombreuses. Le Maître d’Antoine de Bourgogne a notamment modernisé les ouvertures de tirs en remplaçant les archères par des canonnières. Le motif des canonnières, fréquent dans l’enluminure septentrionale des années 1470-1490, ne se voit pas dans les autres vues médiévales ou modernes de la Bastille. Il est ici parfaitement adapté à l’usage des couleuvrines par les soldats assiégés : si les canonnières correspondent à une évolution de l’artillerie et au développement des armes à feu à la fin du XVe siècle, ce type d’ouverture est en revanche une invention dans le cadre du monument parisien bâti un siècle auparavant. Le peintre a également modifié le profil des tours de façade - figurées ici en éperon et non circulaires - ainsi que le décor sculpté au-dessus du pont-levis à flèche où un relief remplace les cinq statues. Dans l’axe de la porte, le mur du fossé est interrompu par une encoche prévue pour recevoir le pont-levis reliant la forteresse à la route de Vincennes. Or, ce dispositif n’a plus lieu d’être après 1428, date à laquelle l’accès oriental est définitivement fermé.
Orientation bibliographique :
Veuë du chasteau de la Bastille a Paris, eau-forte d’Israël Silvestre, XVIIe siècle. Chantilly, Musée Condé, EST S 1
La Bastille, planche n°7 des Lieux les plus remarquables de Paris et de ses environs, eau-forte d’Israël Silvestre, XVIIe siècle. Rennes, Musée des Beaux-Arts, Inv 794.1.5312
La Bastille, dans les premiers jours de sa démolition, tableau de Hubert Robert, 1789. Paris, Musée Carnavalet, CARP1476 ; P 1476.
Plan de la Bastille avec les constructions découvertes dans la démolition du bastion, levé et dessiné par Cathala, architecte et inspecteur de la démolition de la Bastille. Bibliothèque nationale de France, GED-3577.
Une représentation plus ancienne de la Bastille figure à l’arrière-plan de l’Entrée de Charles V à Paris, enluminure des Grandes Chroniques de France peinte par Jean Fouquet, présentée dans la rubrique « iconographie médiévale ».
Vue de l’ancien Louvre et du petit Bourbon prise depuis la Seine, tableau de Reinier Nooms, dit Zeeman, vers 1650. Paris, musée du Louvre, INV 1977.
Une représentation plus ancienne de l’hôtel du Petit Bourbon figure à l’arrière-plan de la Pietà de Saint-Germain-des-Prés, présentée dans la rubrique « iconographie médiévale ».
veüe de la Chambre des Comptes, Et de la Ste Chapelle, Et d’une des portes du Palais de Paris, dessin d’Israël Silvestre, XVIIe siècle. Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, RESERVE FOL-VE-53 (G). Destailleur Paris, t. 5, 1019.
Le collège des Cholets a été fondé en 1295 pour des étudiants en théologie de l’université de Paris originaires des diocèses de Beauvais et d’Amiens, grâce à une dotation du cardinal Jean Cholet, mort en 1292. Il fut réuni au collège Louis-le-Grand en 1764. Il occupait l’actuel 4, rue Cujas.
Une porte dans la cour de l’ancien collège des Cholets à Paris, dessin anonyme, XIXe siècle. Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, RESERVE FOL-VE-53 (D). Destailleur Paris, t. 2, 232.
Le fonds Destailleur conserve deux dessins de l’élément le plus connu du collège des Cholets, sa porte à décor sculpté flamboyant, ici vue en noir et blanc.
Le collège des Cholets, dessin d’Antoine-Louis Goblain, 1818, mine de plomb et aquarelle. Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, RESERVE FOL-VE-53 (D). Destailleur Paris, t. 2, 231.
Sur cet autre document de la collection Destailleurs, la porte flamboyante est replacée dans son environnement monumental. Elle est située à côté d’une cage d’escalier hors-oeuvre en brique et pierre, datant de la même époque (début XVIe siècle).
Restes du collège des Cholets en 1820. Lithographie d’Edouard-Auguste Nousveaux, d’après un dessin de François-Alexandre Pernot, diffusé par le lithographe-imprimeur Fourquemin, vers 1850. Musée national de l’Education, n° inv. : 1979.12659.
Cette image est également disponible sur wikipedia.
Le clos Bruneau et le collège des Chollets, rue des Ecoles. Dessin de Jules-Adolphe Chauvet, calque avec dessin au crayon, aquarelle, lavis d’encre brune, rehauts de gouache. Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, VE-2160 (4)-BOITE FOL.
Bibliographie indicative :
RABUT Elisabeth, « Les Cholets, étude historique et topographique d’un collège parisien », Paris et Île-de-France. Mémoires, t. XXI, 1970, p. 7-95 et t. XXII, 1971, p. 119-231.
Sur la bibliothèque des Cholets :
REBMEISTER-KLEIN Karine, « La bibliothèque du collège des Cholets (fin XIIIe siècle - 1530) », Bulletin du Bibliophile, juin 2005, p. 30-63.
Maison à tourelle au carrefour des rues Bailleul et Jean Tison (aujourd’hui 1er arrondissement de Paris), aquarelle de Thomas Shotter Boys, 1831. Musée Carnavalet, CARD08253 ; D 8253.
Dès le XIIe siècle, un marché est attesté au lieu-dit « les Champeaux », un peu au nord de la première enceinte établie sur la rive droite. En 1137, un accord est passé entre le roi Louis VI et l’évêque de Paris Etienne de Senlis au sujet des droits perçus sur ce territoire, chacun recevant respectivement deux tiers et un tiers de ces taxes. En 1181, Philippe Auguste y transfère la foire Saint-Lazare. En 1183, il construit deux halles et entoure le site d’un mur. D’autres halles sont ajoutées au XIIIe siècle. A la fin du XIIIe siècle, la foire de Saint-Germain-des-Prés est à son tour transférée aux Halles, augmentant encore l’activité commerciale du quartier.
Dans leur état définitif, les Halles s’étendent entre le cimetière des Saints-Innocents et l’église Saint-Eustache. Au sud se trouvent les drapiers et les tisserands. Au nord s’élèvent les halles des marchands « forains », autrement dit, non parisiens, qui entourent la halle au blé. Au sud-est se vend le poisson : harengerie, marée, etc.. C’est aussi là que se trouve le pilori, sujet privilégié des représentations anciennes.
- Réjouissances données par la Ville de Paris aux Halles, le 21 janvier 1782, tableau de Philibert-Louis Debucourt. Paris, Musée Carnavalet, CARP1930.
Ce tableau représente les festivités organisées à l’annonce de la naissance du Dauphin, le 21 janvier 1782. La scène se situe dans la partie nord-est du quartier des Halles. On reconnaît, sur la place, le pilori et la fontaine, vus depuis l’est. Dans le fond se profilent deux halles en pan de bois, consacrées depuis le Moyen Âge à la vente du poisson : la halle de la Garde au Poisson et celle de la Marée. C’est l’une des représentations les plus fidèles des Halles avant la disparition des bâtiments médiévaux.
- Le pilori des Halles, dessin de Charles-Louis Bernier (1755-1830). Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, RESERVE FOL-VE-53 (E)
Ce dessin, exécuté vers 1780 par Bernier, représente le pilori vu du sud, peu avant sa destruction en 1785. Le pilori des Halles est attesté depuis le Moyen Âge ; il fut reconstruit au XVIe siècle en style gothique flamboyant. Les condamnés étaient exposés à l’étage.
- Les Halles et le pilori, dessin de Hubert Clerget. Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, VE-2160 (1)-BOITE FOL.
A l’arrière-plan du pilori apparaît une grande halle en pan de bois.
- Le pilori des Halles, dessin, XVIIIe siècle. Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, RESERVE FOL-VE-53 (E).
Le pilori des Halles, dessin de Claude-Louis Desrais (1746-1816). Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, RESERVE FOL-VE-53 (E).
Le dessin de Desrais montre la fontaine, reconstruite en 1605, et le pilori, au sein d’une intense activité marchande.
- Plan du quartier des Halles. Extrait de : « Recherches critiques, historiques et topographiques sur la ville de Paris, depuis ses commencens connus jusqu’à présent, avec le plan de chaque quartier / Par Jaillot. - Paris : Lottin, 1775 ». Paris, bibliothèque de l’INHA, collections Jacques Doucet.
Le grand îlot occupé par les Halles apparaît en bas à gauche, à côté du cimetière des Innocents, sur la droite.
Bibliographie indicative :
BIOLLAY L., « Les anciennes halles de Paris », Mémoires de la Société de l’histoire de Paris et de l’Île-de-France, t. III, 1876, p. 293-355.
LOMBARD-JOURDAN A., Les Halles de Paris et leur quartier (1137-1969), Paris, École nationale des chartes, 2009.
MARTINEAU J., Les Halles de Paris, des origines à la 1789. Évolution matérielle, juridique et économique, Paris, Éd. Montchrestien, 1960.
Veuë de l’Hostel Dieu de Paris, eau-forte d’Israël Silvestre, XVIIe siècle. Chantilly, Musée Condé, EST S 22.
Le cimetière des Saints-Innocents est le plus grand des cimetières parisiens au Moyen Âge : il occupait un quadrilatère d’environ 80 sur 100 m. Il s’étendait devant l’église des Saints-Innocents, dans le quartier des Champeaux, près des halles. Vers 1186, Philippe Auguste ordonna la construction d’une clôture pour en garantir l’isolement. Ses dimensions définitives furent acquises en 1218, à la suite de la donation d’un terrain par l’évêque de Paris Pierre de Nemours. Au XIVe siècle furent édifiés le long des murs des « charniers », galeries dont le premier étage abritait les os retirés des fosses pour faire de la place aux nouveaux trépassés. Ces charniers ont été décorés de peintures et de sculptures, dont la plus célèbre est la danse macabre peinte en 1424 sur les murs du charnier des Lingères, et détruite en 1669 lors de l’élargissement de la rue de la Ferronnerie.
Ce cimetière a entièrement disparu à la fin du XVIIIe siècle, à la suite de sa désaffection en 1780 : l’église des Saints-Innocents fut rasée en 1785 et le cimetière fut vidé en 1786. Mais grâce à de nombreuses vues anciennes, notamment les relevés dressés avant sa destruction, on connaît bien son aspect ainsi que sa localisation, entre les rues aux Fers (actuelle rue Berger) au nord, Saint-Denis à l’est, de la Ferronnerie au sud, et de la Lingerie à l’ouest. Aujourd’hui, la fontaine des Innocents marque approximativement l’emplacement de la façade de l’église des Saints-Innocents qui formait l’angle nord-est du cimetière.
Le cimetière et l’église des Saints-Innocents : tableau attribué à Jakob Grimer, vers 1570 © Musée Carnavalet, P 620 [Image reproduite ici avec l’aimable autorisation du musée Carnavalet].
Ce panneau représente un enterrement au cimetière des Saints-Innocents. Dans le fond au centre, apparaît l’église éponyme. Sur les côtés, les arcades des « charniers » entourent le cimetière. Plusieurs croix et édicules sont dépeints : vers le fond, on reconnaît notamment la « tour Notre-Dame des Bois » à droite et une chaire à prêcher couverte à gauche. Ce tableau constitue l’une des meilleures représentations que l’on ait conservées du cimetière.
Veuë de l’Eglise et Cimetiere des saincts Innocens a Paris, estampe d’Israel Silvestre, XVIIe siècle. Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts, NUM EST 4025 (numérisation INHA).
La gravure est centrée sur l’église des Saint-Innocents dont on voit les élévations ouest et sud. Est aussi représenté l’oratoire de Notre-Dame des Bois.
Plan du cimetière des Saint-Innocents par Charles Louis Bernier, vers 1780. Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, RESERVE FOL-VE-53 (E). Destailleur Paris, t. 3, 368.
Ce plan fait partie des nombreux dessins levés par Bernier juste avant la disparition du cimetière.
Le cimetière des Saints-Innocents abritait de nombreux monuments funéraires, tels que la « tour Notre-Dame des Bois ».
Dessin de la tour Notre-Dame des Bois par Charles Louis Bernier, vers 1780. Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, RESERVE FOL-VE-53 (E). Destailleur, Paris, t. 3, 397.
Coupe, élévation et plan de la tour Notre-Dame des Bois, XVIIIe siècle. Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, RESERVE FOL-VE-53 (E). Destailleur, Paris, t. 3, 377.
Bibliographie indicative :
Sur le cimetière :
LORENTZ Ph. et SANDRON D., Atlas de Paris au Moyen Âge, Paris, Parigramme, 2006, p. 129-131 : avec plan du cimetière restitué dans l’espace urbain actuel (p. 130).
Les Saints-Innocents, M. Fleury et G.-M. Leproux dir., Paris, Délégation à l’Action artistique de la ville de Paris, 1990.
Sur l’église des Saints-Innocents :
COULZY H., « L’église des Saints-Innocents à Paris », Bulletin monumental, t. 130, 1972, p. 279-302.
Ce collège de l’Université de Paris a été fondé en 1304, en exécution du testament de la reine Jeanne de Navarre, femme de Philippe le Bel. Il comprenait notamment une chapelle, construite entre 1309 et 1315 sur un plan inspiré de la Sainte-Chapelle, mais dans un style plus austère, et une bibliothèque, qui occupait le premier étage d’un bâtiment élevé à la fin du XVe siècle. Son décor sculpté mettait en relief le patronage royal : les statues de Jeanne de Navarre et de Philippe le Bel accueillaient le visiteur à l’entrée du collège, rue de la Montagne Sainte-Geneviève, et au portail de la chapelle, où se trouvait aussi une effigie de Louis X (souverain régnant au moment de l’achèvement de l’édifice). Ce collège, qui a formé des générations d’officiers royaux, a été supprimé en 1793. Ses bâtiments ont été dévolus à l’Ecole Polytechnique, de 1805 à 1977. Il ne demeure aujourd’hui aucun édifice médiéval dans son enceinte, en raison des destructions menées dans le courant du XIXe siècle.
Le collège de Navarre (an 1440). Lithographie coloriée d’Edouard-Auguste Nousveaux, d’après un dessin de François-Alexandre Pernot. Musée national de l’Education, n° inv. : 1979.33233.
Vue de la façade principale du collège, avec les statues de la reine Jeanne de Navarre, sa fondatrice, et de son époux Philippe le Bel.
Plan, élévation et coupes transversales de la chapelle du collège de Navarre, dessin d’Albert Lenoir, XIXe siècle, encre et crayon. Bibliothèque de l’Institut national d’histoire de l’art, collections Jacques Doucet, NUM OA 716 (11, 115).
Réfectoire et bibliothèque du Collège de Navarre, façade sur la rue Clopin, deux photographies de Charles Marville, avant la démolition du bâtiment en 1875. BHVP, NV-004-C-0457.
Bibliographie indicative :
GOROCHOV Nathalie, Le Collège de Navarre, de sa fondation (1305) au début du XVe siècle (1418) : histoire de l’institution, de sa vie intellectuelle et de son recrutement, Paris, H. Champion, 1997.
PERRAUT Aurélie, L’architecture des collèges parisiens au Moyen Âge, Paris, PUPS, 2009.
Plan dressé par Louis Le Vau avant la construction du Collège Mazarin. Le titre complet du document est : Plan du fossé tenant à l’hostel de Nevers où sont représentés la porte de Nesle, tour, pont et maisons, nécessaire à abattre pour y faire la place et construire le Collège Mazarin, place publique, bibliothèque et académye : Dressé par nous Louis Le Vau, conseiller du Roy, intendant et premier architecte de Sa Majesté et que nous vérifions véritable ainsy qu’il est conforme par le procès-verbal de messieurs les Commissaires desputés par Sa Majesté. Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, VA-443-FT 6 (fonds Robert de Cotte).
Dessin de Stefano Della Bella, XVIIe siècle, représentant des joutes nautiques sur la Seine, au niveau de la Tour de Nesle. Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, RESERVE FOL-VE-53 (G). Destailleur Paris, t. 5, 760.
Veuës et perspective de la Tour de Nesle et de l’Hostel de Nevers, eau-forte d’Israël Silvestre, XVIIe siècle. Chantilly, musée Condé, EST S 75.
Pespective de l’Esglise nostre Dame, veue du quay de la Tournelle, eau-forte d’Israël Silvestre, XVIIe siècle. Chantilly, musée Condé, EST S 57.
Intérieur de la cathédrale, dessin d’Israël Silvestre, XVIIe siècle. Musée du Louvre, Département des Arts graphiques, INV 33009, recto.
Gravure d’Androuet du Cerceau : grande salle du Palais de la Cité, 1560.
Image publiée sur le site intitulé « La cour de France » au XIXe siècle.
Cette gravure est une des rares représentations de la Grand’ salle gothique du palais de la Cité, construite sous le règne de Philippe le Bel au début du XIVe siècle et détruite dans un incendie en 1618. La salle des pas perdus du palais de justice actuel a conservé le volume de la grande salle médiévale, mais a perdu sa décoration. Au Moyen Âge, l’étage supérieur était partagé en deux nefs ornées des statues des rois de France. Le cycle des rois comprenait à l’époque de Philippe le Bel 58 souverains, placés par ordre chronologique dans une parfaite continuité qui masquait les accidents dynastiques.
Bibliographie indicative :
GUEROUT Jean, « Le palais de la Cité à Paris des origines à 1417. Essai topographique et archéologique », Paris et Ile-de-France. Mémoires, n° 1, 1949, p. 57-212 ; n° 2, 1950, p. 21-204 ; n° 3, 1951, p. 7-102.
BOVE Boris, « Les palais royaux à Paris au Moyen Âge (XIe-XVe siècles) », dans Palais et Pouvoir, de Constantinople à Versailles, M. -F. Auzepy, J. Cornette dir., Saint-Denis, Presses universitaires de Vincennes, 2003, pp. 45-79. Article édité en ligne sur Cour de France.fr, le 4 octobre 2008.
Le palais de l’évêque de Paris s’élevait au sud de Notre-Dame. Il fut reconstruit par Maurice de Sully en même temps que la cathédrale, dans les années 1160. Du palais médiéval, il ne reste rien aujourd’hui : les bâtiments ont été détruits en plusieurs phases au XIXe siècle, notamment lors des travaux consécutifs à la mise à sac de l’archevêché en 1831. A leur emplacement se trouvent désormais un square et le presbytère néo-gothique dû à Viollet-le-Duc.
C’est donc par l’iconographie ancienne que l’on peut restituer les dispositions de l’édifice. Le palais comprenait une grande salle double longue de six travées ; le premier niveau était voûté d’ogives, l’étage était couvert d’une charpente lambrissée. L’élévation sud, vers la Seine, était scandée de contreforts et couronnée de créneaux. Une chapelle double longue de trois travées prolongeait la grande salle. Sur le flanc nord s’élevait une tour rectangulaire qui abritait notamment, au XIIIe siècle, les prisons. Une galerie à deux étages reliait cette tour au collatéral sud de la cathédrale ; elle fut cédée en 1243 au chapitre cathédral pour abriter la sacristie et le trésor de Notre-Dame.
Vue de Notre-Dame, de l’archevêché et du quai des Bernardins, tableau de Lallemand, vers 1775. Paris, Musée Carnavalet, CARP0192 ; P 192.
Cette vue des bords de Seine montre le palais épiscopal, entre le fleuve et la cathédrale, depuis le sud-ouest. On reconnaît le bâtiment de la grande salle double, avec ses contreforts, et au fond, la tour rectangulaire.
Eau-forte d’Israël Silvestre, XVIIe siècle. La gravure est accompagnée d’un quatrain décrivant les bâtiments représentés : Dun costé vous voyez l’Edifice admirable ou la mere de Dieu, reçoit nostre oraison ; Plus loin vous descouvrez l’Hopital charitable ou les membres de Dieu, cherchent leur guerison. Chantilly, musée Condé, EST S 58.
La vue est prise cette fois depuis l’est. Le palais épiscopal occupe le milieu de la gravure. On distingue bien les contreforts et les créneaux de la façade sur Seine, ainsi que le couronnement de la tour nord.
Bibliographie indicative :
CRÉPIN-LEBLOND T., « Le palais épiscopal de Paris », dans : Autour de Notre-Dame, A. Erlande-Brandenburg, J.-M. Leniaud, F. Loyer, C. Michel (dir.), Paris, Action artistique de la ville de Paris, 2003, p. 111-115.
Eglise des quinze vints, eau-forte d’Israël Silvestre, XVIIe siècle. Chantilly, Musée Condé, EST S 15.
Dessin de l’église, XIXe siècle. Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, RESERVE FOL-VE-53 (E). Destailleur Paris, t. 3, 428
Veuë de l’Eglise Saint Denis de la Chastre, eau-forte d’Israël Silvestre, XVIIe siècle. Chantilly, Musée Condé, EST S 2.
Plan des bâtiments de l’abbaye, XVIIIe siècle. Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, RESERVE FT 5-VE-53 (I). Destailleur Paris, t. 2, 306.
L’Eglise et le couvent de St Germain des prez : plan de l’abbaye, 1704. Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, FT 6-VA-443. Robert de Cotte, 18.
Saint-Germain des Prés, restitution des bâtiments du XVe siècle, dessin d’Auguste-Jacques Régnier (XIXe siècle). Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, RESERVE FOL-VE-53 (D). Destailleur Paris, t. 2, 308.
Démolition de Saint-Germain des Prés : chapelle de la Vierge, dessin de Gautier-Dagoty, 1802. Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, RESERVE FOL-VE-53 (D). Destailleur Paris, t. 2, 310.
Une représentation de l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés figure à l’arrière-plan de la Pietà de Saint-Germain-des-Prés, présentée dans la rubrique « iconographie médiévale ».
Eglis. Royale. Collegial et Paroissiale de Saint Germain de Lauxerois a Paris, eau-forte d’Israël Silvestre, XVIIe siècle. Chantilly, Musée Condé, EST S 23.
L’église Saint-Jacques de la Boucherie desservait l’une des paroisses les plus peuplées de Paris. Les fouilles réalisées au XIXe siècle, à l’occasion du percement de la rue de Rivoli, ont mis au jour les fondations de l’église du XIIe siècle, un édifice rectangulaire assez modeste, agrandi vers l’est au XIVe siècle. Cette église fut ensuite reconstruite en style flamboyant à partir des années 1460. Le chantier s’acheva par le clocher, pour lequel un marché fut passé en 1509 avec trois maçons : Jean de Felin, Jean de Reviers et Julien Menart. Ce clocher est aujourd’hui le seul élément subsistant de l’église, détruite en 1797.
Eglise Saint-Jacques de la Boucherie, dessin de la façade par Garnerey, 1784. Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, RESERVE FOL-VE-53 (E). Destailleur Paris, t. 3, 470.
Ce dessin très fouillé nous restitue l’aspect de la façade occidentale de l’église, très proche de celle de Saint-Maclou de Pontoise qui fut probablement réalisée par le même architecte : Jean Vauchelet.
Démolition de St jacque [sic] la boucherie, dessin de Pierre-Antoine de Machy. Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, RESERVE FOL-VE-53 (E). Destailleur Paris, t. 3, 471.
Ce dessin a été réalisé pendant la destruction de l’église, en 1797. Il a vraisemblablement été fait depuis le clocher et montre donc les premières travées de la nef.
Bibliographie indicative :
MEURGEY J., Histoire de la paroisse Saint-Jacques de la Boucherie, Paris, 1926.
BOS A., Les églises flamboyantes de Paris, Paris, Picard, 2003, p. 200-211.
HAMON E., Une capitale flamboyante. La création monumentale à Paris autour de 1500, Paris, Picard, 2011, p. 235-237.
Vue de l’Eglise Saint-Laurens au faubourg de Paris, extrait de l’album Vues de France et d’Italie, eau-forte d’Israël Silvestre, XVIIe siècle. Rennes, Musée des Beaux-Arts, Inv 794.1.5347.
Chappelle [sic] Saint Leufroy à Paris, dessin à la mine de plomb sur papier teinté. Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, RESERVE FOL-VE-53 (E). Destailleur Paris, t. 3, 476.
Veuë et perspective de l’Eglise Sainct Martin des Champs, eau-forte d’Israël Silvestre, XVIIe siècle. Chantilly, musée Condé, EST S 67.
Dessin de la tour à l’angle de la rue du Vertbois, par Jules-Adophe Chauvet, 1880. Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, BOITEFOL-VE-2160(2).
Veuë de l’Eglise Sainct Sauveur, rue Saint Denis (démolie en 1787), eau-forte d’Israël Silvestre, XVIIe siècle. Chantilly, musée Condé, EST S 26.
Église Saint-Sépulcre près Saint-Méry, vue de la façade. Dessin. Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, RESERVE FOL-VE-53 (E). Destailleur Paris, t. 3, 478.
Saint-Sulpice, eau-forte d’Israël Silvestre, XVIIe siècle. Chantilly, musée Condé, EST S 13.
Veuë de l’Eglise de Sainct Victor fondée par Louis le Gros Empereur et Roi de France, eau-forte d’Israël Silvestre, XVIIe siècle. Chantilly, musée Condé, EST S 68.
L’église paroissiale de Sainte-Croix-en-la-Cité était située en plein coeur de l’île de la Cité à Paris, à l’angle de la ruelle Sainte-Croix et de la rue de la Vieille Draperie. Reconstruite autour de 1500, elle a été détruite en 1790. Son portail fut un temps préservé en façade de la demeure qui l’avait remplacée mais qui disparut à son tour en 1842, lors du percement de la rue Constantine (act. rue de Lutèce). Les archives de la paroisse sont encore conservées aux Archives nationales (AN, LL 700-703 et S 2222-2223).
Restitution de l’église Sainte-Croix-en-la-Cité, état avant 1501 (dessin de Nicolas Asseray, d’après la figure de l’îlot éponyme).
La figure représente le "carré" de la paroisse de Sainte-Croix-en-la-Cité soit l’îlot compris entre la rue de la Lanterne, la rue de la Vieille Draperie, la ruelle Sainte-Croix et la rue Gervaise Laurent (îlot 27 du plan Vasserot). Ce plan, probablement réalisé en 1499 à l’occasion d’un procès opposant l’église aux Le Tac qui avaient fait reconstruire à partir des années 1496-1497 leur maison sise rue de la Lanterne et lui avaient adjoint un corps d’hôtel supposé empiéter sur une enclave appartenant à l’église, a été soigneusement conservé dans les archives de la paroisse. Il est encollé à la fin du martyrologe composé par le doyen Jacques Grouard en 1668. Le document, encore connu au milieu du XIX e siècle, a été redécouvert en 2015.
Le mode de représentation pose plusieurs problèmes d’interprétation qu’une restitution 3D a en partie permis de résoudre. Le peintre a littéralement décomposé l’église : la façade flamboyante et le chevet rayonnant regardent dans la même direction. Entre les deux, la nef est dirigée dans l’axe Nord/Sud (au lieu d’Est/Ouest). Cette figure nous montre l’église en cours de reconstruction après la rénovation du portail mais avant la reconstruction du chevet amorcée en 1501. C’est à ce jour la seule image connue de l’église en élévation. Le plan de l’église figure dans son état postérieur à 1536 sur le plan de l’abbé Delagrive (1754, repris par A. Berty pour son plan archéologique).
Orientation bibliographique : Epitaphier du Vieux Paris, III, p. 461, note 1 ;
veüe de l’Eglise du Temple a Paris, eau-forte d’Israël Silvestre, XVIIe siècle. Chantilly, Musée Condé, EST S 72.
veües et Perspective de l’Esglise, et de la Cour du Temple, eau-forte d’Israël Silvestre, XVIIe siècle. Chantilly, Musée Condé, EST S 74.
La tour du Temple, eau-forte anonyme, 1792. Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, RESERVE QB-370 (29)-FT 4, De Vinck, 4939.