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Présentation générale

  • 01.Introduction

    Raphaële SKUPIEN, 17 octobre 2019 | 10 février 2018

    La rubrique Iconographie du Paris médiéval fait peau neuve. Elle s’inscrit, depuis sa création, dans une dynamique historiographique née au milieu du XIXe siècle, portée par un intérêt essentiellement documentaire pour les vues urbaines et architecturales.

    On cherche à travers les représentations caractérisées de la ville et de ses monuments à retrouver l’aspect des bâtiments anciens, édifices disparus ou très remaniés ; des images, souvent archétypales, peuvent aussi être convoquées pour renseigner sur le mode de de vie des parisiens à cette époque [Pour un bref bilan historiographique, consulter la page Historiographie.].

    Les recherches les plus récentes en matière de représentation de paysages urbains et de monuments dans la peinture médiévale ainsi que la mise en ligne de nombreuses ressources documentaires par les institutions internationales permettent aujourd’hui de proposer un classement topographique des images médiévales "Par sites et monuments", réservé jusqu’à présent aux sources modernes et contemporaines. Certains peintres du Moyen Âge étaient tout à fait capables de représenter fidèlement des lieux existants. Les plus fameux d’entre eux endossèrent même le rôle de médiateur auprès de leurs contemporains auxquels ils donnaient à voir leur environnement familier, tel qu’il se trouvait ou tel qu’il aurait pu être (vue idéale ou projet de construction/d’aménagement).

    Principes de recensement

    La nouvelle version de cette rubrique reste fidèle aux principes de rencensement édictés en 2013. De nouvelles images répertoriées à l’occasion d’un travail de thèse sur l’origine du paysage parisien dans la peinture occidentale viennent se greffer au corpus déjà constitué par Boris Bove et Judith Förstel [Raphaële Skupien, Le peintre et le monument. L’invention du paysage urbain dans la peinture parisienne à la fin du Moyen Âge (XIVe-XVIe siècles), thèse dactyl. sous la direction d’Étienne Hamon, Université de Picardie-Jules Verne, soutenue le 24 novembre 2017, 4 vol.]. L’ambition du projet est limitée par la disponibilité des ressources sur le web. Les liens vers les sites institutionnels ou partenaires, donnant une information fiable et solide, ont été privilégiés [Consulter la liste sous la rubrique Enluminures de Charlotte Denöel.]. On notera à ce propos les progrès de la campagne de numérisation des manuscrits de la BnF qui offre de plus en plus souvent un accès direct au folio concerné, en haute définition, sur Gallica.

    Toutes les images recensées concernent Paris et ses environs (les faubourgs, Saint-Denis, Vincennes...), avant le milieu du XVIe siècle. Si les sources iconographiques les plus anciennes remontent à la fin du XIIIe siècle pour les monuments, voire au XIIe pour les activités urbaines, celles-ci peuvent aussi être beaucoup plus récentes. Il s’agit en effet de réunir toute sorte de source iconographique soit des miniatures, des panneaux peints, des tapisseries, des vitraux aussi bien que des cartes, des jetons, des sceaux ou des gravures, des photographies voire des relevés archéologiques renseignant sur l’état de la ville et de ses monuments à la fin du Moyen Âge.

    Principes de classement

    Le recensement de plus de 200 représentations caractérisées de Paris et de ses monuments, antérieures aux années 1540, appelait une refonte de la rubrique, privilégiant un classement topographique des images médiévales au même titre que celles modernes et contemporaines. L’ancien cadre de classement ne disparaît pas pour autant. La catégorie "Par sites et monuments" est celle qui, dans un premier temps, subira les plus grands changements. Sur le modèle de ce que l’on a commencé à faire pour la Bastille, chaque monument fera l’objet d’une brève notice historique à laquelle on rattachera les images concernées. Suivant le principe adopté par Boris Bove et Judith Förstel, chaque image sera commentée pour sa valeur documentaire. L’identification des sites et des monuments représentés repose sur un croisement des sources historiques, textuelles et iconographiques, et des données archéologiques. Leur interprétation est parfois discutée par les spécialistes dont les références bibliographiques apparaissent au bas des notices.

    Des images, moins fiables du point de vue architectural, sont aussi présentées dans la catégorie "Par activités urbaines". Quoique souvent archétypales, celles-ci renseignent utilement sur le mode de de vie des parisiens à cette époque. La sélection, opérée par Boris Bove, présente en effet une imagerie urbaine fondamentale pour qui s’intéresse aux représentations des événements historiques, des rituels civiques ou des activités économiques de la ville, quoique souvent mis en scène dans un paysage fantaisiste.

    On trouvera des images ressortant de ces deux catégories dans une troisième intitulée « Par sources » (anciennement « Vues de Paris »). En fonction de leur valeur documentaire archéologique ou historique, les images seront progressivement reversées dans les catégories « Par sites et monuments » ou « Par activités urbaines ». « Par sources » deviendra une sorte d’index des sources iconographiques citées, avec toujours des liens hypertextes pour faciliter la navigation au sein de la rubrique Iconographie du Paris médiéval.

    Mise en garde

    Le présent corpus ne prétend pas à l’exhaustivité. Toutes les images présentées n’ont pas la même valeur documentaire ni artistique. Les données matérielles, les indications de provenance visent à rappeler au lecteur le contexte de production et de réception de ces images afin de pallier un risque de surinterprétation. Il est d’ailleurs probable que certains monuments identifiés par la critique n’aient pas toujours été représentés de manière intentionnelle par leurs dessinateurs mais qu’ils soient une réminiscence des lieux fréquentés par ces derniers.


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  • 02.Historiographie

    Raphaële SKUPIEN, 17 octobre 2019 | 9 mai 2019

    Le corpus in progress des images du Paris médiéval, initié par Boris Bove et Judith Förstel dans la rubrique éponyme de Ménestrel, s’inscrit dans la lignée des travaux d’Alfred Bonnardot [*]. Cet intérêt essentiellement documentaire pour les représentations de la ville et de ses monuments, né au milieu du XIXe siècle, connaît un nouvel engouement à la faveur des restitutions numériques du bâti ancien. L’incendie qui a ravagé Notre-Dame de Paris le 15 avril dernier pose ouvertement la question de leur utilisation dans le cadre d’une restauration du monument [1].

    Le recensement des images de Paris n’a pas toujours été une fin en soi ; il a souvent servi à illustrer des ouvrages historiques dont les auteurs ont pu mettre un soin particulier à chercher une iconographie inédite ou méconnue. Les publications de tels corpus iconographiques se déclinent en quatre temps :

    • entre 1850 et 1930, une « iconographie du vieux Paris » ;
    • à partir des années 1920, des histoires illustrées de Paris et des parisiens ;
    • dans les années 2000, un retour aux œuvres ;
    • depuis 2010, avec Ménestrel, le tournant des nouveaux médias.

    « Iconographie du vieux Paris », 1850-1930

    Bonnardot Alfred, « Iconographie du Vieux Paris », Revue universelle des Arts, II (1855), p. 266-285 ; IV (1857), p. 385-408 ; V (1857), p. 25-46, 210-221 ; VI (1857-1858), p. 211-242 ; VII (1858), p. 125-145 ; VIII (1858-1859), p. 45-60 ; IX (1859), p. 152-168 ; X (1859-1860), p. 5-24, 379-396

    Dans une succession d’articles parus périodiquement dans la Revue universelle des Arts entre 1855 et 1860, puis rassemblés dans un recueil, A. Bonnardot a tenté de dresser un inventaire des vues médiévales et modernes des monuments de la capitale. La publication non illustrée, assez aride, propose une approche topographique intéressante de la matière. L’auteur a réuni sous le terme « dessins » des miniatures, des tableaux, des tapisseries, des plans, des projets d’architectures…qu’il a répartis entre vues générales de la ville et vues centrées sur un monument ; les monuments ainsi figurés sont présentés par ordre alphabétique. A. Bonnardot s’est en revanche assez peu intéressé au contexte de production (commanditaire, artiste, datation approximative) des œuvres.

    Cette enquête pionnière menée dans les fonds de la BnF a encouragé la publication de découvertes ponctuelles [2]. Des spécialistes du livre enluminé ou imprimé comme A. Babeau [3], P. Lacombe [4], le comte Durrieu [5], S. Reinach [6] ou de la peinture comme l’allemand J. Held [7] ont enrichi ce travail de repérage des œuvres et d’identifications des lieux figurés par leur connaissance des œuvres à travers une série d’articles parus jusque dans les années 1930.

    L’histoire illustrée de Paris et des parisiens, 1920-

    Poëte Marcel, Une vie de Cité, Paris, Picard, 1924-1931, 4 vol. 

    En parallèle des articles régulièrement publiés dans le Bulletin de la Société d’Histoire de Paris et d’Île-de-France, l’historien et urbaniste M. Poëte a composé une grande somme sur l’histoire de Paris, des origines au XXe siècle, assortie d’un album d’illustrations concernant les six derniers siècles étudiés (XIIIe-XXe). Il ouvrait la voie à une nouvelle approche culturelle de l’imagerie parisienne. À la différence de ses successeurs, il a placé le fait urbain au centre de son Album. La représentation des lieux cède le pas à celle des activités urbaines ou des événements historiques [8].

    Lorentz Philippe et Sandron Dany, Atlas de Paris au Moyen Âge : espace urbain, habitat, société, religion, lieux de pouvoir, Paris, Parigramme, 2006

    Plus sensibles à la dimension monumentale de la ville et de ses représentations, les historiens de l’art et de l’architecture Ph. Lorentz et D. Sandron ont illustré leur propos d’une iconographie riche, puisant autant dans l’imagerie médiévale que dans les dessins techniques modernes et contemporains. Les documents présentés permettent d’apprécier l’évolution des monuments médiévaux dans le temps, depuis leur fondation jusqu’à nos jours quand ils n’ont pas disparu avant.

    Retour aux œuvres, 2000-

    Après la thèse de C. Serchuk consacrée à l’interprétation politique de cette imagerie [9], on assiste au début des années 2000, sous l’impulsion des historiens de l’architecture, à un regain d’intérêt pour l’iconographie monumentale en tant que source documentaire. M. Whiteley a proposé d’identifier deux vues de l’hôtel Saint-Pol [10] et D. Sandron, une de la priorale Saint-Martin-des-Champs [11] ; ils ont avancé une nouvelle méthode d’analyse des images dans leur rapport au bâti.

    De telles expériences ponctuelles et plutôt confidentielles ont trouvé des échos à travers des ouvrages de vulgarisation [12].

    Mullaly Evelyne, Guide de Paris au Moyen Âge, Paris, Biro & Cohen / Éd. du Patrimoine, CMN, 2011

    ce Guide mérite une mention particulière puisque l’auteur a dressé un panorama chronologique des évocations de Paris et de la vie parisienne entre 1220 et 1550 (51 œuvres de type varié) en s’efforçant, dans la mesure du possible, de repérer les monuments figurés. Les œuvres sont présentées sur une double page, une reproduction en couleur en regard d’un texte descriptif nourri par une vaste littérature (parfois dépassée) touchant autant à l’histoire de Paris qu’à celle de l’art, de l’architecture, de la littérature ou du costume.

    Vers une synthèse en ligne, 2010- 

    Ménestrel, rubrique Paris médiéval/Documents/Iconographie.


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  • Notes et adresses des liens référencés

    [*Cet article est issu d’une communication « Thèse en ligne, thèse connectée ? Mon corpus des représentations médiévales des monuments parisiens et le vues du Paris médiéval sur Ménestrel », présentée lors de la Journée des doctorants de TrAme « Le corpus en sciences humaines et littérature à l’ère du numérique : constitution, exploitation et publication », à Amiens, UPJV-Campus, le 20 janvier 2016.

    [1Skupien Raphaële, "L’apport des images médiévales de Notre-Dame à sa restauration", Scientifiques Notre-Dame, fiche thématique mise en ligne le 22 avril 2019

    [2Par exemple : Champeaux Alfred de, « Deux vues de la Cité de Paris au XVe siècle », La Chronique des arts et de la curiosité, n° 23, juin 1883, p. 186-187 ; Hubert Jean, Quelques vues de la Cité au XVe siècle : dans un bréviaire parisien conservé à la bibliothèque municipale de Châteauroux, Paris, 1928 (extrait des Mémoires de la Société nationale des Antiquaires de France, t. LXXVII).

    [4Lacombe Paul, « Notes d’iconographie parisienne », BSHPIF, 36, 1909, p. 133-171.

    [5Durrieu Paul, « Communication sur Jean Fouquet et le donjon de Vincennes », BSHPIF, 39, 1912, p. 234 ; Id., « La vue de Paris du “Froissart de Breslau” », BSHPIF, 43, 1916, p. 41-48.

    [6Reinach Salomon, « “Sainte Geneviève sur Notre-Dame de Paris” miniature parisienne du XVe siècle », Gazette des Beaux-Arts, 5e période, t. 6, juill.-déc. 1922, p. 255-264.

    [7Held Julius, « Zwei Ansischten von Paris beim Meister des Heiligen Ägidius », Jahrbuch der Preuszischen Kunstammlungen, Bd. 3, 1932, p. 3-15.

    [8Dans le même registre, voir : Duby Georges et Lobrichon Guy (dir.), L’Histoire de Paris par la peinture, Paris, Citadelles & Mazenod, 2008 (1ère éd. : 1988).

    [9Serchuk Camille, Images of Paris in the Middle Ages : patronage and politics, thèse de doctorat dactyl., sous la direction de W. Cahn, Yale University, 1997.

    [10Whiteley Mary, « Deux vues de l’hôtel royal de Saint-Pol », Revue de l’art, 2000-2, n°128, p. 49-53.

    [11Sandron Dany, « Fouquet, peintre de l’architecture et du paysage : identification de la prieurale de Saint-Martin des Champs de Paris et de l’enclos du Temple dans la scène de Sainte Anne et les trois Marie des Heures d’Étienne Chevalier (vers 1455) », Documents d’histoire parisienne, 4, 2005, p. 7-12.

    [12Voir notamment : Fleurier Nicole, Paris, enluminures, Paris, BnF, 2009.

    [*Cet article est issu d’une communication « Thèse en ligne, thèse connectée ? Mon corpus des représentations médiévales des monuments parisiens et le vues du Paris médiéval sur Ménestrel », présentée lors de la Journée des doctorants de TrAme « Le corpus en sciences humaines et littérature à l’ère du numérique : constitution, exploitation et publication », à Amiens, UPJV-Campus, le 20 janvier 2016.

    [13Skupien Raphaële, "L’apport des images médiévales de Notre-Dame à sa restauration", Scientifiques Notre-Dame, fiche thématique mise en ligne le 22 avril 2019

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