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La science héraldique aujourd’hui

  • L’héraldique

    Laurent HABLOT, 18 octobre 2012

    L’héraldique, science qui a pour objet l’étude des armoiries, connaît depuis une quarantaine d’années un important renouvellement. Ces signes, nés au milieu du XIIe siècle dans le contexte précis de la société féodale, restent encore très présents dans nos sociétés occidentales contemporaines. Ils ont longtemps été considérés - ou déconsidérés - à travers le prisme social de l’identité nobiliaire, au moins pour leur intérêt généalogique, au mieux comme outil de datation et d’attribution d’œuvres d’art. Depuis plusieurs décennies, les armoiries sont enfin apparues pour ce qu’elles sont : un véritable reflet des sociétés qui les ont produites, une sorte de cristallisateur des structures, des sensibilités et des pratiques qui en font une source de premier ordre pour l’historien.

    En France, les travaux de Michel Pastoureau ont très largement porté cette dynamique aussi bien dans le monde scientifique qu’auprès d’un plus large public. Désormais souvent évoquée dans les programmes scolaires et universitaires, la science héraldique se rattache aujourd’hui à l’ensemble des savoirs dits « auxiliaires » qui renseignent les études historiques. La même évolution historiographique s’observe à travers l’Europe où l’héraldique sort des cercles généalogiques et aristocratiques pour devenir un véritable objet d’étude scientifique et universitaire. Ce dynamisme est notamment porté par des sociétés savantes comme la Société française d’héraldique et de sigillographie ou l’Académie internationale d’héraldique.
    Portée par ce renouveau, l’héraldique a redéfini et élargi son objet d’étude. Longtemps limitée à l’analyse du Blason, i.e. l’ensemble des règles, des couleurs et des figures qui structurent les armoiries, elle s’est récemment ouverte aux questions plus générales de l’emblématique qui prend désormais en compte les systèmes sémiologiques qui ont précédé les armoiries ainsi que ceux qui se sont développés sur ses marges : drapeaux, devises, cimiers, cris et sentences, monogrammes, uniformes, croix nationales, cultes identitaires, attributs et insignes désignés sous le terme générique d’emblématique (voir Emblématique).

    Cette prise en compte de l’environnement sémiologique enrichit évidemment la portée historique de l’objet. Il apparaît désormais aux historiens que l’emblématique est un outil incontournable de l’analyse des temps passés. Après une meilleure connaissance du système et de ses structures graphiques et mentales, il reste encore aujourd’hui à définir dans le détail l’ensemble des fonctions sociétales de ces signes.

    L’analyse des témoignages emblématiques conservés n’est pas toujours aussi aisée qu’il paraît de prime abord. Pour l’historien, la priorité reste souvent d’attribuer l’emblème. Les outils utiles à l’identification des signes emblématiques n’ont hélas pas autant bénéficié que nous aurions pu l’espérer des apports de l’informatique. La rigueur mathématique de l’outil s’accorde souvent bien mal avec la souplesse tant graphique que structurelle de ces signes figurés qui varient souvent en fonction de multiples paramètres dont la main de l’artiste n’est pas le moindre. Il n’existe donc pas, et n’existera sans doute jamais, de base de données universelle et parfaitement fiable recensant l’ensemble des armoiries utilisées en Europe au Moyen Âge. La profusion même des occurrences, de l’ordre de la dizaine de millions, la rend presque impossible. Il convient donc de recourir aux catalogues et recensements établis au fil du temps et de l’espace pour espérer y retrouver le signe étudié. Une grande partie de ces armoriaux a fort heureusement été éditée sous forme de fac-similés, de publications scientifiques avec tables et index et, pour beaucoup, de bases informatiques (voir Outils et références). Un travail analogue est en cours pour les emblèmes de la fin du Moyen Âge.

    La plupart du temps, ces outils ne suffiront pas à identifier assurément le possesseur de l’emblème. Il convient pour cela de maîtriser les règles élémentaires de la composition héraldique et de transmission des armoiries. Celles-ci peuvent contenir des brisures, signes qui hiérarchisent les branches du lignage, ou bien être une combinaison d’armoiries, résultat d’une union matrimoniale ou de prétentions politiques. La connaissance des éléments para-héraldiques éventuellement figurés en marge de l’écu, cimier, couronne, supports, cri, ordre de chevalerie, facilitera l’identification.
    Attribuer un emblème ne doit pourtant pas être pour l’historien une fin en soi. En effet, le chercheur se doit également d’inscrire l’exposition emblématique dans un contexte signifiant. Le support, le cadre et le contexte jouent notamment un rôle essentiel. Un signe figuré sur un sceau, un manuscrit, une tapisserie, un monument, une monnaie, un vêtement ne remplit pas les mêmes fonctions de représentation sociale ou politique. Sa position dans le décor, son support, les autres signes associés, sont autant d’éléments utiles à sa compréhension globale. Son contexte d’exposition, son promoteur, son public doivent aussi être appréhendés. D’où la nécessité de croiser les approches avec autres sciences historiques connexes telles que la sigillographie, la diplomatique, l’épigraphie, la numismatique mais aussi, plus largement, l’histoire de l’art, de la littérature, l’histoire des mentalités, des sensibilités, des représentations, l’anthropologie historique, etc.

    Enfin, l’étude des signes prend sens dans sa confrontation avec d’autres systèmes sémiologiques passés ou présents et doit se renouveler à la lecture des travaux des anthropologues, des neurologues, des spécialistes de sciences cognitives. Cette lecture comparée, conduite avec pertinence, est évidemment l’approche qui permettra de sortir définitivement l’héraldique et l’emblématique du carcan socio-historique dans lequel elle est trop longtemps resté figée.

    Orientations bibliographiques

    - PASTOUREAU Michel, L’Art héraldique au Moyen Age, Paris, Le Seuil, 2009.
    - POPOFF Michel, Bibliographie héraldique internationale (éd. électronique) 2008
    - NASSIET Michel, « Nom et blason. Un discours de la filiation et de l’alliance (XIVe-XVIIIe siècle) », L’Homme, 1994, tome 34 n°129, pp. 5-30.


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  • Outils et références

    Laurent HABLOT, 1er août 2016 | 18 octobre 2012

    Bibliothèque virtuelle des articles relatifs à l’héraldique accessibles en ligne

    Répertoire des sites internet consacrés à l’héraldique et aux ressources héraldiques

    Bibliothèque Virtuelle

    - NASSIET Michel, « Nom et blason. Un discours de la filiation et de l’alliance (XIVe-XVIIIe siècle) », L’Homme, tome 34 n°129, 1994, pp. 5-30.

    - NASSIET Michel, « Parenté et successions dynastiques aux XIVe et XVe siècles », Annales. Histoire, Sciences Sociales, 50e année n° 3, 1995, pp. 621-644.

    - VAIVRE Jean-Bernard de, « Les armoiries de Jean Germain », Journal des savants, n°4, 1983, pp. 319-328.

    - VAIVRE Jean-Bernard de, « Un bibliophile bourguignon au début du XVe siècle : Louis de Chantemerle, seigneur de La Clayette et ses manuscrits », Journal des savants, n° 2, 2005, pp. 317-397.

    - VAIVRE Jean-Bernard de, « Échanges et adoptions d’armoiries au XIIIe siècle », Comptes-rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 126e année n° 2, 1982, pp. 371-383.

    - VAIVRE Jean-Bernard de, « Le rôle armorié du combat de Montendre », Journal des savants, n° 2, 1973, pp. 99-125.

    - VAIVRE Jean-Bernard de, « Notes d’héraldique et d’emblématique à propos de la tapisserie de l’Apocalypse d’Angers », Comptes-rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 127e année n° 1, 1983. pp. 95-134.

    Quelques sites de référence

    Il serait trop fastidieux d’établir ici une liste critique des innombrables sites relatifs à l’héraldique accessibles sur internet dont beaucoup sont également des sites commerciaux. Nous nous contenterons de signaler les sites d’institutions et des sociétés scientifiques et les liens vers des ressources utiles à l’étude de l’héraldique médiévale (armoriaux, publications) et les plus "scientifiques" des sites.

    Le site de la Société française d’héraldique de sigillographie (SFHS) va prochainement être actualisé. Il est notamment utile pour des orientations bibliographiques, des liens internet et l’actualité de la vie de la société.

    Le site Early blazon propose une carte héraldique de l’Europe autour des années 1200-1300. La base est bien renseignée et scientifiquement solide. L’organisation des armoiries par fiefs est notamment très utile pour mettre en valeur les notions de « groupes d’armoiries ».

    Le site Des armoiries et des Livres élaboré par la section codicologie de l’Institut de Recherches et d’Histoire des Textes (IRHT) prend prétexte de l’analyse des manuscrits de Pierre Lorfevre (†1416), avocat au Parlement de Paris, pour proposer une lecture de détail des fonctions des emblèmes dans le livre et donner quelques rudiments d’héraldiques. Sur le sujet on peut également consulter la rubrique Les livres d’Heures du site de la maison du Moyen Age du Pôle associé de Poitiers, notamment l’article consacré au Psautier de Jeanne de Laval.

    Le Kunsthistorisches Institut de Florence a catalogué ses fichiers héraldiques déposés sur une base Stemmario.

    Les Archives nationales de France ont déposé en ligne un fichier PDF guidant le chercheur amateur dans ses recherches héraldiques (Héraldiques et armoiries).

    Le site La langue du blason propose des dossiers à thème souvent bien conduits et très bien illustrés ainsi que quelques bases du Blason et des ressources précieuses (sites, bibliographies, sources en ligne).

    Armoriaux en ligne

    - L’Armorial Bellenville (1364-1390), (BNF Ms Fr 5230)

    - L’Armorial de Gilles le Bouvier Héraut Berry.

    - L’Armorial Lebreton, récemment édité par les Archives nationales de France est consultable en ligne.

    - Le Livro de Armeiro-Mor (1509)

    - Le Rôle d’armes du voyage d’Outre-mer ou Rôle d’armes de Gaignières
    (1285-1290 puis XVe et XVIe s.), (BNF Ms Fr 23077)

    - Armorial du XVe siècle, (BNF Ms Fr 24920)

    - L’Armorial général dit "Coislin-Séguier" (1450), (BNF Ms Fr 18651)

    - L’Armorial de Guillaume de Revel (1456), (BNF Ms Fr 22297)


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