Spain

La recherche sur l’Islam médiéval est une tradition ancienne en Espagne, souvent en relation avec l’histoire d’al-Andalus et des minorités musulmanes dans l’Espagne chrétienne, et secondairement avec le Maghreb (surtout le Maroc). Elle se développe aujourd’hui principalement dans les universités (dans les départements d’histoire et de langue) et les centres de recherche du Consejo Superior de Investigaciones Científicas (CSIC).

Universités et centres de recherche

• Casa de Velázquez. Cette École Française à l’Étranger accueille des chercheurs résidents et des boursiers travaillant notamment sur al-Andalus. Parmi les programmes de recherche en cours, plusieurs concernent l’Islam médiéval d’Occident : fouilles de la montagne d’Îgîlîz et le pays des Arghen (Maroc) et d’Albalat (Espagne), programme « Désert » sur la frontière méridionale du Maghreb… La Casa de Velázquez abrite également une riche bibliothèque, et publie une revue accessible en Open-Access, les Mélanges de la Casa de Velázquez, ainsi que des monographies, actes de colloques et séminaires.

• Escuela de Estudios Árabes (CSIC, Grenade). Ce centre de recherche (dir. Mayte Penelas) consacre ses travaux (d’histoire, philologie et archéologie) en grande partie à al-Andalus, mais aussi de plus en plus au Maroc. Il s’y développe actuellement plusieurs projets de recherche, notamment consacrés aux réseaux des oulémas andalous, aux rapports entre l’Occident musulman et l’Orient, aux variations de l’arabe vernaculaire du Maroc. L’un des anciens projets, Prosopografía de los Ulemas de al-Andalus, a été mis en ligne sous la forme d’une base de données répertoriant tous les oulémas andalous, régulièrement mis à jour. Le centre possède une bibliothèque spécialisée (liste des nouvelles acquisitions régulièrement mise en ligne), qui possède notamment un fonds ancien, dont certains volumes sont numérisés, mais aussi des manuscrits arabes. Ceux-ci, grâce à un important programme de numérisation sont de plus en plus mis en ligne sur un portail du CSIC. L’EEA coordonne notamment la publication de la série Estudios Onomástico-biográficos de al-Andalus et la collection Fuentes Arábico-Hispanas. On trouve enfin sur le site une liste des publications des chercheurs et des thèses soutenues et en cours, avec parfois des liens avec les textes en ligne.

• Instituto Egipcio de Estudios Islámicos, Mediterráneos e Iberoamericanos. Fondé en 1950 à Madrid par la république d’Égypte, l’Institut développe des travaux sur la littérature arabe et l’histoire du monde arabo-musulman. Il possède une bibliothèque et publie des monographies et une revue, Revista del Instituto Egipcio de Estudios Islámicos en Madrid (Mağallat al-maʽhad al-miṣrī li-l-dirasāt al-islāmiyya fī Madrīd), qui a notamment édité des numéros thématiques sur des villes d’al-Andalus.

• Instituto de Estudios Ceutíes. Sous le patronage de la Ville Autonome de Ceuta, l’Institut organise notamment des journées d’études sur l’histoire de Ceuta, et publie des séries d’ouvrages historiques et archéologiques, ainsi que la revue Transfretana.

• Institución « Fernando el Católico ». Ce centre de recherche, financé par la Députation Provinciale de Saragosse, est intéressé par les royaumes chrétiens davantage que par al-Andalus. Il a toutefois mis en ligne un Atlas de Historia de Aragón qui contient une section pour l’époque islamique.

• Instituto de Lenguas y Culturas del Mediterráneo y Oriente Próximo (CSIC, Madrid). Cet institut (dir. María Ángeles Gallego García) développe fréquemment des projets de recherche sur l’Islam médiéval, actuellement sur les relations entretenues entre al-Andalus, le Maghreb et l’Orient islamique, mais d’autres sont à prévoir à l’avenir. L’institut publie deux revues intéressant l’Islam médiéval, al-Qanṭara et Sefarad, toutes deux accessibles en Open Access.

• Le Laboratorio de Arqueología y Arquitectura de la Ciudad est un groupe mixte associant le CSIC et les universités de Grenade et de Séville. Dédié à l’archéologie urbaine, ses travaux portent essentiellement sur al-Andalus (mais pas seulement, un projet a notamment été mis en place en Jordanie) et la mise en valeur du patrimoine urbain. Parmi les projets de recherche en cours, l’un est consacré aux almunias de l’Occident musulman, l’autre aux fortifications médiévales d’Alméria. Le site propose en outre, dans le domaine de la vulgarisation, diverses reconstitutions virtuelles de monuments andalous de Séville, ou encore les vidéos de conférences sur les villes nasrides.

• Université d’Alicante. Celle-ci abrite l’Àrea d’Estudis Àrabs i Islàmics (dir. Francisco Franco Sánchez), qui publie notamment la revue Sharq al-Andalus, accessible en Open Access

• Université d’Alméria. Y fonctionne actuellement un groupe de recherche sur les relations entre al-Andalus et le Maghreb (dir. Jorge Lirola Delgado) et une équipe d’arabisants au sein du département d’études philologiques (dir. Luisa María Arvide Cambra), qui se consacre notamment à l’édition et à la traduction de textes médicaux arabes.

• Université de Barcelone. Le Departament de Filologia Clàssica, Romànica i Semítica y héberge une équipe d’études arabes et islamiques (dir. Miquel Forcada Nogués). Au sein de cette équipe, le Grup Millàs Vallicrosa d’Història de la Ciència Àrab a mené divers projets de recherche sur l’histoire des sciences islamiques en al-Andalus, mais paraît aujourd’hui en sommeil. Cette équipe publie également la revue Suhayl. Journal for the History of the Exact and Natural Sciences in Islamic Civilisation.

• Université Autonome de Barcelone. L’Université héberge un groupe de recherche transversal qui, dénommé Islamolatina (dir. José Martínez Gázquez), étudie la perception de l’islam dans l’Europe chrétienne, et en particulier les traductions latines du Coran.

• Université de Cadix. Deux groupes de recherche y intéressent l’Islam médiéval, à savoir al-Andalus Maghreb (dir. Fernando Nicolás Velázquez Basanta), qui publie notamment la revue al-Andalus Magreb, et Lenguas y Sociedades Árabes y Bereberes (dir. Mohamed Tilmatine), davantage centré sur les aspects linguistiques et philologiques.

• Université Complutense de Madrid. Le Departamento de Estudios Árabes e Islámicos (dir. Ahmed Salem Ould Mohamed Baba), essentiellement philologique, y publie notamment l’Anaquel de Estudios Árabes en Open Access.

• Université de Cordoue. Elle héberge un groupe de recherche, La Arqueología como base documental de la Interpretación Histórica, qui travaille plus particulièrement sur l’archéologie de Cordoue, notamment pour la période islamique. Ce groupe publie notamment les Anales de Arqueología Cordobesa.

• Université de Grenade. Le Departamento de Historia Medieval y Ciencias y Técnicas Historiográficas (dir. Rafael Peinado Santaella) accueille notamment plusieurs groupes de recherche qui intègrent al-Andalus à leurs travaux. C’est spécialement le cas du groupe de recherche Toponimia, Historia y Arqueología del Reino de Granada (dir. Antonio Malpica Cuello). Ce dernier gère notamment les fouilles menées depuis 2005 sur le site de Medina Elvira. Il accueille également l’équipe Arqueología del Paisaje, qui travaille surtout sur l’Andalousie (en particulier le littoral grenadin), et notamment sur la période islamique. Le département gère en outre deux sites internet importants, à savoir Arqueología medieval, dédié à l’archéologie en Espagne, avec présentation des fouilles en cours, notamment sur des sites islamiques et des articles et informations intéressant l’archéologie islamique (nouvelles publications et colloques), et Biblioarqueología, bibliographie en ligne relative à l’archéologie, avec des articles en ligne, notamment sur al-Andalus. De tradition philologique, le Departamento de Estudios Semíticos (dir. Juan Antonio Macías Amoretti), rassemble deux unités, la première consacrée aux études arabes et islamiques, la seconde aux études hébraïques et araméennes. Le département développe plusieurs programmes en lien avec l’histoire médiévale, notamment un projet d’étude des sciences de la nature en al-Andalus, et maintient un groupe de recherche consacré à l’étude des villes d’al-Andalus, qui publie notamment les collections al-Mudun et Estudios Árabes. Le département publie enfin la revue Miscelánea de Estudios Árabes y Hebraicos, disponible en Open Access et actuellement scindée entre une branche d’études arabes et une branche d’études hébraïques. Sa bibliothèque possède 12.000 ouvrages et des revues, avec un fonds ancien remontant à la création de la chaire d’arabe en 1847.

• Université de Murcie. Le Grupo de Estudios Hispano, Árabes y Medievales (dir. Alfonso Carmona González) y mène notamment des recherches sur la littérature juridique andalouse.

• Université de Salamanque. L’Instituto de Estudios Medievales y Renacentistas (IEMyR) abrite notamment le GIR Estudios Árabes e Islámicos (dir. Miguel Ángel Manzano Rodríguez). Celui-ci a récemment initié le le projet Dictomagred, base de données qui vise à rassembler tous les toponymes du Maghreb médiéval.

• Université de Saragosse. L’Instituto de Estudios Islámicos y del Oriente Próximo (dir. Juan Pablo Vita Barra) y développe notamment des programmes de recherche sur l’art islamique, les textes arabes (surtout liés à la Marche supérieure d’al-Andalus) et l’histoire d’al-Andalus, particulièrement à l’époque des taifas. Il publie la revue Estudios de Dialectología Norteafricana y Andalusí en Open Access.

• Université de Séville. Le groupe de recherche El Saber en al-Andalus (dir. Pedro Cano Ávila) y consacre divers programmes sur la diffusion et la circulation du savoir en al-Andalus ; le groupe de recherche Patrimonio Andalusí : Cultura, Documentos y Paisajes (dir. Fátima Roldán Castro) s’y consacre lui à l’étude de l’héritage d’al-Andalus.

• La plupart des sites internet des unités et groupes de recherche fournissent une liste des publications des chercheurs et des thèses soutenues, avec parfois un lien vers une version en ligne.

 Bibliothèques digitales

• Biblioteca Virtual de Arabistas y Africanistas Españoles. Ce site propose des liens avec les éditions en ligne d’auteurs orientalistes et africanistes espagnols (classés par auteurs, titres et matières), ainsi qu’une bibliographie (avec liens ou PDF) sur l’orientalisme.

• Biblioteca Virtual Miguel de Cervantes. Ce fonds bibliographique propose des revues, ouvrages et thèses relatifs à la péninsule Ibérique. Il contient notamment une section dédiée à la littérature mudéjare et morisque.

• Dialnet. Ce portail, qui vise à diffuser la production scientifique espagnole, compile une grande quantité d’index et de sommaires : il y est possible de rechercher par nom d’auteur, par titre d’article ou titre de revue, avec parfois renvoi aux versions en lignes des travaux.

• Digital CSIC. Cette bibliothèque virtuelle propose un grand nombre de publications de chercheurs du CSIC, le plus souvent en pré-print.

• E-Prints Complutense. Ce catalogue répertorie la production de l’Universidad Complutense de Madrid en open access, dont un certain nombre de thèses sur philologie arabe et d’histoire andalouse.

• Le portail Manuscript@CSIC présente le catalogue et les collections numérisées des fonds manuscrits rédigés en aljamiado, arabe, hébreu, persan et turc conservés dans les bibliothèques du CSIC.

 Associations et fondations

• Association espagnole d’archéologie médiévale. Cette association publie notamment le Boletín de Arqueología Medieval.

• Foro de Investigadores sobre el Mundo Árabe y Musulmán. Créé en 1995, ce groupe de chercheurs espagnols travaillant sur le monde arabo-musulman se réunit chaque année et diffuse des informations, mais principalement sur l’Islam contemporain.

• Fundación Ibn al-Jatib de Estudios y Cooperación Cultural. Cette fondation, à vocation culturelle, dépend de la mairie de Loja et de la province de Grenade : elle a pour objectif de promouvoir les travaux sur la ville de Loja et sur sa région, notamment dans le domaine de l’histoire de la période islamique. Elle a notamment publié plusieurs ouvrages, organise des rencontres scientifiques et délivre des bourses d’étude.

• Fundación Ibn Tufayl de Estudios Árabes. Cette fondation vise à promouvoir les recherches sur la langue, la littérature et l’histoire du monde arabe, principalement en al-Andalus. Elle attribue des bourses de recherche et a, notamment, publié la Biblioteca de al-Andalus, une encyclopédie des auteurs d’al-Andalus visant à l’exhaustivité.

• El Legado Andalusí. Dédié principalement à la valorisation et la diffusion des connaissances sur al-Andalus par les expositions, le Legado Andalusí finance également des publications destinées principalement au grand public. Le site, en l’état actuel, est d’un apport académique assez faible, mais annonce une prochaine librairie virtuelle accueillant des livres spécialisés et une numérisation de manuscrits.

• Fundación Ignacio Larramendi. Cette fondation finance notamment le programme de bibliothèque virtuelle Antigua Escuela de Traductores de Toledo, porté par l’Université de Castilla-La Mancha.

• Sociedad Española de Estudios Árabes. Cette société regroupe les enseignants et chercheurs spécialisés dans les études arabes en Espagne, et tient un congrès annuel

 Sites archéologiques, musées, organismes de diffusion scientifique

• Centro Virtual Cervantes. Ce site, dédié à la diffusion du savoir, est géré par l’Instituto Cervantes. Il propose notamment une section sur le jardin andalou, la mosquée de Cordoue et l’héritage séfarade.

• Conjuto Arqueológico de Madinat al-Zahra. Cet organisme, qui gère le site palatin de Madīnat al-Zahrā’ et y coordonne les fouilles, possède une bibliothèque spécialisée et propose sur son site une visite virtuelle, ainsi qu’une présentation de certaines parties architecturales et objets mobiliers. Il publie la revue Cuadernos de Madinat al-Zahra, à la parution toutefois irrégulière.

• Conjunto Monumental de la Alcazaba de Almería. Cet organisme, qui gère le site de la alcazaba de Alméria, offre une présentation du site et de certains objets mobiliers.

• Localizador Cartográfico del Patrimonio Cultural Andaluz. Cette base de données, gérée par l’Institut andalou du patrimoine historique (dépendant de la communauté autonome d’Andalousie), localise et documente tous les sites andalous classés au patrimoine historique. Des photos sont parfois disponibles.

• Les musées de Cadix, Cordoue, Grenade, Jaén, Jerez de la Frontera, Malaga ou Séville, présentent sur leurs sites internet diverses pièces d’époque islamique. Le Musée archéologique national (Madrid) propose quant à lui un catalogue général des collections, dont les collections islamiques, ainsi qu’une base de données de numismatique andalouse.

• Parque Arqueológico de Alarcos-Calatrava. Cette structure, qui gère le site d’Alarcos, a mis en ligne sur son site une présentation des lieux et de leur histoire, ainsi que quelques publications en ligne.

• Patronato de la Alhambra y el Generalife. Chargée de la préservation et de la conservation du site de l’Alhambra de Grenade, cette structure développe des programmes de recherche, principalement tournés autour des questions de restauration, mais a également coordonné la mise en place, l’actualisation et la publication d’un corpus épigraphique de l’Alhambra. Il possède en outre des archives, une photothèque et une bibliothèque spécialisée en architecture islamique, qui a recueilli notamment la bibliothèque privée de Jacinto Bosch Vilá (1922-1995).

• Patronato del Real Alcázar de Sevilla. Le site propose quelques photos et une présentation rapide de l’histoire de l’Alcázar, ainsi que des mémoires archéologiques et des articles relatifs à l’histoire du site. Il s’y trouve également les numéros en ligne de la revue Apuntes del Alcázar.