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Les études médiévales en Asie centrale

  • Pierre SIMÉON , 16 décembre 2015 | 9 janvier 2013

    L’Asie centrale est partie intégrante du monde islamique dès le VIIIe siècle : annexée par les Umayyades, puis intégrée au califat ‘abbâsside, elle voit s’épanouir les dynasties perses et turques aux noms familiers, comme les Sâmânides, les Qarakhânides et Ghaznawides (IXe-XIe siècle), les Khwârazm Shah (XIIe-XIIIe siècle) jusqu’aux Timurides puis Shaybanides (XIVe-XVe siècle), dans les grandes villes de Balasaghun, Bukhârâ, Hulbuk, Merw, Samarqand, Otrar, Urgentch, Uzgend et beaucoup d’autres tout au long « des routes de la soie », pour reprendre l’expression de Ferdinand von Richtofen, président de la Société Berlinoise de géographie à la fin du XIXe siècle.
    Ce vaste espace de steppes, d’oasis et de déserts au pied de hautes montagnes est constitué par les cinq ex-républiques soviétiques devenues indépendantes en août 1991 : le Kazakhstan, l’Ouzbékistan, le Kirghizistan, le Turkménistan et le Tadjikistan. Ceci explique, le choix que nous avons fait d’un texte introductif commun, ci-après, pour ces cinq pays.

    Le Moyen Âge était dans la tradition soviétique compris entre la fin du Ve siècle et la première moitié du XVIIe siècle, depuis l’écroulement de l’« esclavage » jusqu’à la disparition du régime féodal vers le milieu du XVIIe s. L’histoire du Moyen Âge étant subdivisée en trois périodes : la pré-féodalité (Ve-XIe siècle) ; la féodalité (XIe siècle-fin du XVe siècle) ; la désagrégation de la féodalité et l’apparition des rapports capitalistes (fin du XVe siècle-première moitié du XVIIe siècle).
    En Russie et dans les régions d’Asie centrale, les travaux archéologiques se présentent sous forme d’expéditions interdisciplinaires (kompleksnoj ekspedicij) cherchant à appréhender toute une région sous ses aspects géologiques, ethnologiques, archéologiques, etc. et les problématiques privilégiées des études médiévales ont plutôt été celles des structures économiques et sociales et du fait urbain ; les civilisations indigènes ont souvent été glorifiées et les apports extérieurs minimisés.

    L’histoire de l’« orientalisme » russe en Asie centrale mérite également quelques mots.
    La conquête et l’annexion par les Russes de l’Asie centrale a lieu entre 1850 et 1890. L’État russe déclenche un programme d’études du Turkestan coordonné depuis Moscou et Saint-Pétersbourg. C’est dans ce contexte (en 1895) que naît le Cercle turkestanais des amateurs d’archéologie (TKLA, avec I. Oumniakov, V. Barthold, V. Viatkin, A. Semënov…).
    Il est intéressant alors de replacer l’archéologie de l’ex-Union Soviétique dans son contexte. En 1919, Lénine crée une Académie pour l’histoire de la culture matérielle (RAIMK) qui remplace la commission archéologique impériale. Dans ce nouvel État communiste, c’est le linguiste et archéologue Nicolas Jakovlevich Marr (1865-1934) qui en développe les fondements suivant une orientation marxiste.
    L’archéologie, comme d’autres disciplines, suit alors la doctrine marxiste, en relation avec l’évolution socio-économique, selon laquelle toutes les sociétés se développent par étape, allant de l’époque primitive communautaire esclavagiste, au féodalisme, capitalisme, socialisme pour aboutir au communisme.
    La multiplication de chercheurs locaux dans les années 1930-1940 amène à la fondation d’une école d’archéologie indépendante de Moscou et Leningrad par M. Masson, qui fonde ainsi le département d’archéologie de l’Université de Tashkent, en 1940. Les recherches archéologiques et historiques restent séparées : chaque république a son « terrain » et il en résulte des divergences scientifiques. Après Staline, en 1950, les concepts de Marr sont critiqués et abandonnés.

    Désormais, ce vaste espace géographique comprend plus d’une vingtaine d’institutions de recherches (un Institut d’histoire et un ou plusieurs Instituts d’archéologie et d’ethnologie, souvent les deux). Ces instituts sont parfois rattachés à une Académie des sciences, mais l’histoire, l’archéologie etc. sont également enseignées dans les universités. Autres lieux à ne pas ignorer, même s’ils ne disposent pas d’un site internet : les musées qui comptent de belles collections d’objets d’époque islamique, notamment les musées nationaux des quatre capitales (Tashkent, Ashgabad, Bishkek et l’ex-capitale du Kazakhstan Alma ata) ; ou encore une centaine de petits musées régionaux, dans chacune des régions de ces cinq républiques. Le morcellement géographique d’un espace relativement cohérent multiplie les acteurs de la recherche qui seront recensés pays par pays.
    Ce panorama serait toutefois incomplet sans présenter l’Institut français d’études sur l’Asie centrale, implanté à Tashkent (Ouzbékistan) en 1992 (il pourrait être déplacé dans une autre république ; le projet est à l’étude). De fait, l’institut a créé des « antennes » dans les pays voisins à partir de 2000, soutenu, depuis sa création, les recherches européennes dans les cinq républiques d’Asie centrale et publié une revue (annuelle) de référence, les Cahiers de l’IFEAC, en partie accessible en ligne.

    L’objet de ce travail est donc de présenter les ressources disponibles pour les médiévistes intéressés par l’Asie centrale ; ces dernières sont majoritairement rédigées en russe et les versions anglaises, quand elles existent (plutôt pour les sites officiels) sont toujours plus succinctes. Les instituts de recherche sont encore peu présents sur le web, alors que les sites des agences de voyage locales abondent et présentent les musées et les sites archéologiques les plus connus de leurs pays respectifs ; nous avons préféré dans certains cas renvoyer à ces sites, grand public, plutôt que de laisser le lecteur curieux sur sa faim, mais il convient de faire attention aux données historiques qu’ils présentent. Nous avons également considéré les sites personnels de chercheurs russes, historiens, archéologues, très actifs dans la mise en ligne de documentation.


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