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L’artillerie à poudre médiévale

  • Christophe MASSON, 3 avril 2023

    Cet article a été rédigé par Michaël Depreter (University of Oxford)

    Essai de synthèse

    Dès le XIXe siècle, l’artillerie à poudre médiévale suscite l’intérêt d’historiens militaires, souvent officiers dans les armées nationales de leurs pays respectifs : Louis-Napoléon Bonaparte et Ildephonse Favé en France ; Bernhard Rathgen en Allemagne ; Paul Henrard, Henri Guillaume, et Charles Brusten en Belgique ; Oliver F.G. Hogg en Angleterre – ce dernier écrivant encore dans cette tradition en 1963 (!) –, pour n’en mentionner que quelques-uns. Au-delà d’une simple histoire-bataille, leurs travaux s’intéressent déjà aux techniques et à la mise en œuvre de l’arme. Ils se caractérisent néanmoins par un certain nationalisme (revendications d’inventions technologiques dont, évidemment, la poudre à canon) et par un positivisme, descriptif plutôt qu’analytique, inhérents à la production historiographique d’époque. Au même titre que d’autres pans d’histoire politique et militaire, le développement de l’artillerie fut dès lors mis au ban des sujets jugés d’intérêt par l’École des Annales émergeante, à tout le moins en France et dans les traditions académiques influencées par l’historiographie française.

    Par une étude fondatrice relative à l’organisation de l’artillerie royale française à la veille des guerres d’Italie, Philippe Contamine redonne un nouveau souffle à ce sujet dès 1964. L’auteur met en évidence l’intérêt d’approches plus totalisantes, s’intéressant en particulier à l’institutionnalisation de l’arme. Il faut toutefois attendre la dernière décennie du XXe siècle pour de nouvelles études, annonciatrices de tendances actuelles, consacrées, d’une part, aux caractéristiques socio-professionnelles des canonniers (P. Benoît, 1995 ; R. Leng, 1996) et, d’autre part, en particulier dans le monde anglo-saxon, aux implications socio-politiques du développement de l’arme (Cl. Rogers, 1995). Combinant à la fois étude des techniques (les armes à feu), des institutions (l’artillerie) et des hommes (les artisans-canonniers), sans oublier l’impact socio-politique des évolutions parallèles (« révolution militaire ») se dessinant en ces trois domaines au bas moyen âge, ce n’est qu’au cours de la dernière décennie qu’un nouvel engouement a donné lieu à des synthèses renouvelées fondées sur le dépouillement exhaustif de sources souvent inédites, tant en France (E. de Crouy-Chanel, 2010, 2020 ; A. Leduc, 2008) et dans les anciens Pays(-Bas) bourguignons (M. Depreter, 2011, 2014), qu’en Angleterre (D. Spencer, 2019), en Espagne (F. Cobos Guerra, 2004) ou, tout récemment, en Italie (F. Ansani, 2016, 2019).

    Ces études récentes suggèrent que, malgré la diffusion simultanée d’innovations techniques partout en Europe occidentale, les logiques organisationnelles, le contexte de production économique et, sans doute, les idéologies politiques préexistantes furent essentiels, non seulement pour la mise en œuvre de l’arme (recrutement de personnel qualifié, production et acquisition de l’armement, logistique et modalités de transport, mise en œuvre tactique), mais également pour l’impact potentiel de l’arme sur les modèles politiques existants, favorisant ou non l’émergence de monarchies à tendance absolutiste (Depreter, 2014, 2023 ; Depreter/Masson, 2017).

    Perspectives de recherche

    Malgré les nombreux travaux des dernières années, le champ reste prometteur. Sans prétendre à l’exhaustivité, quelques pistes mériteraient actuellement d’être creusées.

    Si le XVe siècle a retenu l’attention des chercheurs contemporains, un constat s’impose : malgré la fascination des auteurs du XIXe siècle pour les « premières mentions », les décennies initiales de l’artillerie à poudre en Occident restent méconnues. Un essai de synthèse (Contamine, 1980) et quelques premiers jalons (Leluc/Leduc, 2008 ; Crouy-Chanel, 2020) mettent en lumière une terminologie encore imprécise et des sources sérielles conservées de manière partielle qui ne devraient pas décourager de nouvelles recherches !

    Celles-ci gagneraient à prendre en compte les développements en milieu urbain. L’histoire de l’artillerie communale reste largement à écrire, de même que celle de l’artillerie seigneuriale pour laquelle les sources, il est vrai, sont plus rares. Quelques monographies, datant souvent du XIXe siècle et souffrant des limites évoquées plus haut, s’intéressent certes à l’artillerie de telle ou telle ville particulière. Une étude systématique sur base des comptabilités urbaines devrait néanmoins permettre de comprendre comment l’artillerie, d’une arme originellement urbaine sinon communale, à tout le moins dans les anciens Pays-Bas et en Empire, put devenir une arme dynastique, voire étatique. Des questions essentielles relatives au développement initial de l’arme, à la spécialisation progressive de ses artisans, fondeurs ou forgerons, à leur implantation, à leurs conditions socio-économiques, à leurs liens avec les métiers urbains, à l’intégration de l’artillerie dans la fortification urbaine, etc., pourront ainsi être élucidées. Sans doute de nouvelles études de cas devront-elles aboutir à des synthèses régionales, puis suprarégionales. Une telle approche gagnerait à prendre en compte l’évolution du marché de l’artillerie, local, régional et suprarégional (« international » diront certains) et à reconstruire les réseaux sociaux et économiques de production et de consommation mettant en relation les artisans entre eux (échanges de savoirs et de savoir-faire) et avec leurs clients (cf. Gaier, 1973).

    Les vestiges archéologiques ont attiré l’attention sur l’adaptation de la fortification à l’artillerie à poudre (apparition d’archères-canonnières et de canonnières, tours d’artillerie, murailles remparées, boulevards et proto-bastions). Paradoxalement, l’intégration de l’arme à feu à ces fortifications reste, quant à elle, moins connue, les pièces ayant souvent disparu de leur emplacement original : des types d’armes à feu mobilisées pour la défense (à l’instar de la couleuvrine à main étudiée par E. de Crouy-Chanel, 2011) à l’apparition d’artillerie de place spécialisée, le travail reste largement à faire. De même, la mise en œuvre de l’artillerie dans le cadre de sièges et de batailles reste largement inexplorée d’un point de vue non seulement tactique mais aussi psychologique. Enfin, typologie, utilisation et tactique dans le cadre de la guerre navale au moyen âge tardif restent peu connus, sans parler des personnels et de la logistique, spécifiques ou non, mis en œuvre.

    Au-delà d’une histoire traditionnelle des techniques, l’intégration de nouvelles méthodes, notamment en archéologie expérimentale, semble essentielle pour mieux comprendre la pratique au-delà de la théorie : en particulier les modalités de fabrication et l’efficacité de la poudre et de l’arme à feu devraient ainsi être réévaluées, dépassant des sources narratives ou des jugements spéculatifs contemporains quant à l’impact de l’artillerie. Les avancées réalisées dans le domaine des études des armures, notamment, augurent de l’utilité de l’adoption de ces méthodes pour nos connaissances de l’artillerie. Par ailleurs, si les bouches à feu elles-mêmes sont aujourd’hui relativement bien connues du point de vue théorique, l’évolution de leurs modes d’affûtage et de transport reste, d’un point de vue technique, peu étudiée. Or, ces techniques furent essentielles à la mobilisation de l’arme. Là encore, de nouvelles études devraient mettre en rapport développements techniques et émergence de spécialistes nouveaux.

    Nommés collectivement ou individuellement, les canons n’ont guère retenu l’attention d’un point de vue onomastique (Contamine, 2002). Cette carence reflète le manque d’intérêt suscité par une histoire symbolique et psychologique de l’arme à feu, au-delà des stéréotypes. Qu’ils renvoient au bestiaire médiéval, à la mythologie et à la littérature courtoise ou encore aux entités politiques dont ils incarnent la puissance, les noms donnés aux canons méritent une étude systématique, en commençant par des espaces linguistiques et politiques définis pour ensuite élargir l’aire géographique dans une perspective comparative.

    Dans le cadre d’une histoire politique, le rôle de l’artillerie dans la construction étatique tardo-médiévale et moderne a récemment fait l’objet d’une réévaluation (Depreter, 2014, 2023 ; Depreter/Masson, 2017). Ce premier essai d’appréciation et d’histoire comparative dans un cadre franco-bourguignon mériterait d’être élargi à l’échelle européenne, sinon globale (cf. Ágoston, 2005), réévaluant le rôle de l’arme dans les constructions étatiques et impériales aux fondements médiévaux.

    Enfin, bien qu’il nous éloigne quelque peu du moyen âge pour entrer dans l’ère des médiévalismes romantiques et contemporains, l’intérêt du XIXe siècle pour l’artillerie mériterait d’être à son tour étudié : à la recherche de preuves du « génie national » comme de témoignages du « progrès » technologique, les travaux de nos prédécesseurs, comme les nôtres sans aucun doute, sont révélateurs de leur époque.

    Typologie des sources

    La comptabilité, qu’elle soit royale, princière ou urbaine, est particulièrement utile à l’étude de l’artillerie, tant sous l’angle des techniques (terminologie, définitions occasionnelles) que sous l’angle de l’organisation, en ce compris les aspects politico-économiques (production, marché de l’armement, rémunération de personnel, permanent ou non, etc.). La prosopographie et l’analyse de réseaux permettent une approche socio-professionnelle. Au final, l’étude croisée de sources émanant de pouvoirs différents permettra de comprendre l’émergence d’une profession dont les meilleurs spécialistes tendirent à échapper aux cadres des corps de métier sinon des entités politiques en voie de construction.

    Les sources littéraires, trop longtemps utilisées seules et au détriment de la comptabilité ou de l’iconographie – on y viendra –, n’en ont pas moins des mérites. Chroniques et mémoires révèlent des nombres, parfois exagérés certes, liés au prestige et à l’efficacité attribués à l’armement, mais peuvent aussi révéler les objectifs stratégiques et les modalités tactiques de la mise en place de l’artillerie. C’est en particulier le cas pour les mémoires de combattants, tel Jean de Haynin, ou pour certains chroniqueurs tel Jean Molinet, bien informés, parfois de première main, par leurs liens avec des chefs de guerre côtoyés à la cour. Autres ouvrages essentiels pour comprendre la mise en œuvre de l’artillerie, tant d’un point de vue institutionnel et logistique que d’un point de vue tactique, les manuels didactiques consacrés à la guerre qui se diffusèrent au cours des XIVe et XVe siècles présentent les idéaux théoriques, non toujours mis en pratique, des décideurs, que ces derniers soient conseillers politiques, telle Christine de Pizan, ou chefs de guerre aguerris, tel Philippe de Clèves.

    Intéressant l’histoire socio-professionnelle des canonniers comme l’histoire des techniques, les traités d’art de canonnerie se diffusent à partir du début du XVe siècle, en particulier – mais non exclusivement – dans l’espace germanique (Leng, 2002). Ils révèlent la pratique d’artilleur dans le cadre d’un métier en devenir qui cherche à se définir, à se distinguer par son savoir-faire et à monnayer celui-ci. Tant la contribution de ces ouvrages à cette distinction sociale que leur diffusion au-delà de l’espace germanique, avant les traités d’ingénieurs du XVIe siècle, mieux connus, restent d’ailleurs à explorer.

    L’histoire des représentations de l’artillerie n’a guère retenu l’attention, on l’a dit. Or, répondant à des codes qu’il s’agit certes de déchiffrer, l’iconographie renseigne tant la symbolique liée à l’arme que, à l’occasion, les techniques et leur mise en œuvre : que l’on pense aux enluminures telles celles, fort précises, de Diebold Schilling l’Ancien, mais aussi aux tapisseries, voire aux stalles d’église, telles celles de la cathédrale de Tolède représentant plusieurs sièges d’artillerie.

    À quelques rares exceptions près, tels les énormes canons que sont la Mons Meg conservée à Édimbourg ou la Dulle Griet à Gand, et au-delà des répertoires du fameux butin bourguignon pris par les Suisses sur l’armée du duc Charles de Bourgogne (1476-77), les pièces d’artillerie conservées dans les institutions muséales n’ont que trop rarement été étudiées autrement que pour elles-mêmes, souvent de manière isolée dans le cadre d’études de pointe ou de notices de catalogue. Ces objets matériels n’en sont pas moins essentiels à l’étude des techniques et de la symbolique de l’artillerie et gagneraient à être mis en rapport avec une histoire de l’artillerie plus englobante.

    Bibliographie sélective commentée

    * Gábor Ágoston, Guns for the Sultan. Military Power and the Weapons Industry in the Ottoman Empire, Cambridge, Cambridge University Press, 2005 (Cambridge Studies in Islamic Civilisation). Ouvrage essentiel sur l’industrie de l’armement dans l’Empire ottoman, du XVe au XVIIIe siècle.

    * Fabrizio Ansani, Craftsmen, Artillery, and War Production in Renaissance Italy, dans Vulcan, 4, 2016, p. 1-26.

    * Fabrizio Ansani, ‘This French artillery is very good and very effective’. Hypotheses on the Diffusion of a New Military Technology in Renaissance Italy, dans The Journal of Military History, 83, 2019, p. 347-378.

    * Paul Benoît, Artisans ou combattants ? Les canonniers dans le royaume de France à la fin du Moyen Âge, dans Le combattant au Moyen Âge, éd. Philippe Contamine, 2e éd., Paris, Publications de la Sorbonne, 1995 (Histoire ancienne et médiévale, 36), p. 287-296. Article relatif à l’évolution du statut socio-professionnel des canonniers au service de la dynastie royale française.

    * Louis Napoléon Bonaparte & Ildephonse Favé, Études sur le passé et l’avenir de l’artillerie, 6 vol., Paris, Dumaine, 1846-1871. Malgré une approche positiviste, un ouvrage encore fondamental par l’ampleur de la matière couverte, des questions soulevées et des sources renseignées (voire transcrites ou paraphrasées).

    * Charles Brusten, L’armée bourguignonne de 1465 à 1468, Bruxelles, Van Muysewinkel, [1953], p. 5-14, 55-56, 100-128. Fort descriptif sur base de sources éditées.

    * Fernando Cobos-Guerra (dir.), La artilleria de los reyes católicos, Valladolid, Junta de Castilla y Leon/Consejeria de Cultura y Turismo, 2004. Catalogue d’exposition consacré à l’artillerie (techniques, production, organisation) des Rois Catholiques comme outil de leur pouvoir. Meilleure synthèse à ce jour, à compléter par les travaux consacrés par Miguel Angel Ladero Quesada aux armées des rois catholiques. Au-delà de ce règne-clé, beaucoup reste encore à faire dans l’aire géographique ibérique.

    * Philippe Contamine, L’artillerie royale française à la veille des guerres d’Italie, dans Annales de Bretagne, 71, 1964, p.221-261. Article fondateur, avec une approche institutionnelle dépassant les études techniques du XIXe siècle.

    * Philippe Contamine, L’imaginaire de la guerre médiévale. Les noms propres de canons dans l’espace français au XVe et au début du XVIe siècle, dans L’homme armé en Europe, XIVe-XVIe siècle, éd. Ph. Contamine & J.-P. Reverseau, Paris, Musée de l’armée, 2002, p. 183-204.

    * Philippe Contamine, Les industries de guerre dans la France de la Renaissance : l’exemple de l’artillerie, dans Revue historique, 550, 1984, p. 249-280. Second article fondateur de l’auteur en cette matière, l’approche est ici plutôt politico-économique.

    * Philippe Contamine, La guerre au Moyen Âge, Paris, Presses Universitaires de France, 1980
    (Nouvelle Clio. L’histoire et ses problèmes, 24), p. 258-275, 332-350. Chapitres de synthèse relatif au développement de l’artillerie au bas moyen âge, abordant des développements techniques, économiques et institutionnels.

    * Emmanuel de Crouy-Chanel, Canons médiévaux. Puissance du feu, Paris, Rempart, 2010
    (Patrimoine Vivant). Petit ouvrage synthétique, très bien construit, présentant les évolutions techniques essentielles liées à l’arme, une typologie des pièces, et des questionnements politiques. Centré sur l’espace français.

    * Emmanuel de Crouy-Chanel, La première décennie de la couleuvrine (1428-1438), dans Artillerie et fortification, 1200-1600, éd. Nicolas Prouteau, Emmanuel de Crouy-Chanel & Nicolas Faucherre, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2011 (Archéologie et Culture), p. 87-98.

    * Emmanuel de Crouy-Chanel, Le Canon. Moyen Âge – Renaissance, Tours, Presses universitaires François-Rabelais, 2020. Ouvrage d’histoire des évolutions techniques. Fondamental.

    * Michael Depreter, L’artillerie de Charles le Hardi (1467-1477). Reflets des réformes d’un prince, dans Bulletin de la Commission royale d’Histoire, 177, 2011, p. 81-154.

    * Michael Depreter, De Gavre à Nancy (1453-1477). L’artillerie bourguignonne sur la voie de la « modernité », Turnhout, Brepols, 2011 (Burgundica 18).

    * Michael Depreter, « Estoit moult belle et poissant ». Artillerie, Artisans et Pouvoir princier dans les pays bourguignons (v.1450-1493), thèse de doctorat, Université libre de Bruxelles, 2014.

    * Michael Depreter, The Late Medieval “Artillery Revolution”. Technology, Military Organisation, and State-Building in the Burgundian Low Countries (ca. 1400 - ca. 1500), dans English Historical Review, 2023 (soumis).

    * Michael Depreter & Christophe Masson, L’artillerie entre déterminisme technique, structures institutionnelles et échanges internationaux. La ‘‘révolution militaire’’ à l’aune d’une comparaison italo-bourguignonne (ca. 1350-1500), dans Histoire monde, jeux d’échelles et espaces connectés. Actes du 47e Congrès de la Société des historiens médiévistes de l’Enseignement supérieur public (Arras, 26-29 mai 2016), Paris, Publications de la Sorbonne, 2017, p. 205-220.

    * Kelly DeVries, Gunpowder Weaponry and the Rise of the Early Modern State, dans War in History, 5, 1998, p. 127-145. Article relatif à, et mettant en perspective, l’impact de l’artillerie à poudre dans le cadre de la « Révolution militaire ».

    * Kelly DeVries et Robert Duncan Smith, The Artillery of the Dukes of Burgundy, 1363-1477, Woodbridge, The Boydell Press, 2005. Livre basé sur les chroniques et sources dijonnaises éditées du XIXe siècle. Très complet catalogue des pièces bourguignonnes survivant dans les musées contemporains.

    * Henri Dubled, L’artillerie royale française à l’époque de Charles VII et au début du règne de Louis XI (1437-1469) : les frères Bureau, dans Mémorial de l’artillerie française, 50, 1976, p. 555-637. Article fondateur pour l’artillerie royale à cette époque. Descriptif mais fort complet.

    * Charles Ffoulkes, The Gun-Founders of England, with a List of English and continental Gun-Founders from the XIV to the XIX centuries, Cambridge, Cambridge University Press, 1937 (réimpression anastatique, 2010).

    * Claude Gaier, L’industrie et le commerce des armes dans les anciennes principautés belges du XIIIe à la fin du XVe siècle, Paris, Les Belles Lettres, 1973 (Bibliothèque de la Faculté de Philosophie et Lettres de l’Université de Liège, 102). Ouvrage fondateur relatif à la production et marché des armes, en ce compris les matières premières stratégiques, dans les anciens Pays-Bas.

    * David Grummitt, The Defence of Calais and the Development of Gunpowder Weaponry in England in the Late Fifteenth Century, dans War in History, 7, 2000, p. 253-272. Article postulant l’importance de l’artillerie dans la construction de l’État moderne, en débat avec DeVries, cité ci-dessus.

    * Henri Louis Gustave Guillaume, Histoire de l’organisation militaire sous les ducs de Bourgogne, [Bruxelles, Académie royale de Belgique], 1847. Ouvrage positiviste d’un officier de l’armée belge, futur ministre de la guerre, contenant, pour le principat de chacun des ducs, quelques pages dédiées à l’artillerie.

    * Bert S. Hall, Weapons and Warfare in Renaissance Europe. Gunpowder, Technology, and Tactics, Baltimore/Londres, The John Hopkins University Press, 1997. Ouvrage sur l’histoire des évolutions techniques de la poudre et des armes à feu au bas Moyen Âge, prenant en compte la manière dont celles-ci affectaient leur mise en œuvre.

    * Paul Henrard, Histoire de l’artillerie en Belgique depuis son origine jusqu’au règne d’Albert et d’Isabelle, Bruxelles, Muquardt, 1865 (Extrait des Annales de l’Académie d’Archéologie de Belgique, 21, 2e série, t. 1). Toujours utile de par les sources mises en œuvre.

    * Oliver F.G. Hogg, English Artillery, 1326-1716, Londres, Royal Artillery Institution, 1963. Cet ouvrage écrit dans la tradition positiviste par un officier anglais fut longtemps la meilleure approche thématique du sujet, abordant chronologiquement le matériel, l’épreuve, l’administration, l’organisation et l’engagement de l’arme. Désormais largement dépassé par les travaux de Dan Spencer pour le bas moyen âge.

    * F.H.W. Kuypers, Geschiedenis der Nederlandsche artillerie van de vroegste tijden tot op heden, t.1 et 2, Nimègue, Adolf Blomhert, 1869-1871. Intérêt pour les sources mises en œuvre relatives aux anciens Pays-Bas, y compris États bourguignons.

    * Sylvie Leluc et Antoine Leduc (éd.), Nouveaux regards sur l’artillerie primitive, XIVe s.- XVe s., Paris, Musée de l’Armée, 2008.

    * Rainer Leng, « Getruwelich dienen mit Buchsenwerk ». Ein neuer Beruf im späten Mittelalter : Die Büchsenmeister, dans Strukturen der Gesellschaft im Mittelalter. Interdisziplinäre Mediävistik in Würzburg, éd. Dieter Rödel & Joachim Schneider, Wiesbaden, Dr. Ludwig Reichert Verlag, 1996, p. 302-322. Article sur le statut socio-professionnel des canonniers, à mettre en rapport avec l’étude de Paul Benoît citée ci-dessus.

    * Rainer Leng, Ars belli. Deutsche taktische und kriegstechnische Bilderhandschriften und Traktate im 15. und 16. Jahrhundert, 2 vol.,Wiesbaden, Reichert Verlag, 2002 (Imagines medii aevi. Interdisziplinäre Beiträge zur Mittelalterforschung, 12). Ouvrage essentiel quant aux traités d’artillerie dans l’espace germanique tardo-médiéval.

    * Rudolf Huber, Renate Rieth, Hellmut Pflüger, Philippe Truttmann, Quentin Hughes (éds.), Festungen – Forteresses – Fortifications. L’architecture militaire après l’introduction des armes à feu. Dictionnaire spécialisé et systématique, 2e éd. revue et augmentée, Munich/Londres/New York/Paris, K.G. Saur, 1990 (Glossarium artis, 7). Dictionnaire illustré trilingue, extrêmement utile pour l’évolution de la fortification et sa terminologie.

    * Bernhard Rathgen, Das Geschütz im Mittelalter. Quellenkritische Untersuchungen, Berlin, VDI, 1928. Ouvrage positiviste, mais d’intérêt pour les nombreuses références et citations de sources.

    * Clifford J. Rogers, The Military Revolutions of the Hundred Years War, dans The Military Revolution Debate. Readings on the Military Transformation of Early Modern Europe, éd. Clifford J. Rogers, Boulder, Westview Press, 1995, p. 55-93. Excellente synthèse des débats sur l’impact socio-politique de l’adoption et de l’évolution de l’artillerie à poudre au bas moyen âge.

    * Alain Salamagne, Les années 1400 : la genèse de l’architecture militaire bourguignonne ou la définition d’un nouvel espace urbain, dans Revue belge d’Histoire militaire, 26, 1985-1986, p. 325-344 et 405-434. Article relatif à l’adaptation des fortifications urbaines à l’artillerie à poudre dans les anciens Pays-Bas/États bourguignons. Voir les nuances apportées par Michel de Waha, cité ci-dessous.

    * Alain Salamagne, Le canon et la fortification 1380-1430, dans Du métier des armes à la vie de cour, de la forteresse au château de séjour : familles et demeures aux XIVe-XVIe siècles, éd. Jean-Marie Cauchies et Jacqueline Guisset, Turnhout, Brepols, 2005, p. 17-35. Voir l’article précédent.

    * Volker Schmidtchen, Bombarden, Befestigungen, Büchsenmeister. Von den ersten Mauerbrechern des Spätmittelalters zur Belagerungsartillerie der Renaissance. Eine Studie zur Entwicklung der Militärtechnik, Düsseldorf, Droste, 1977. Essentiel d’un point de vue d’histoire des techniques, de l’évolution de l’armement.

    * Valérie Serdon, Le parc et l’ordinaire. L’artillerie des ducs de Lorraine à la fin du Moyen Âge et au début de l’époque moderne : fabrication, maintenance, entretien, dans Armes et outils, éd. Christiane Raynaud, Paris, Le Léopard d’Or, 2012 (Cahiers du Léopard d’Or, 14), p. 285-318. Article sur l’artillerie lorraine, avec une attention rare à la question de l’entreposage.

    * Valérie Serdon-Provost, Les débuts de l’artillerie à poudre d’après l’iconographie médiévale, dans Artillerie et Fortification, 1200-1600, éd. Nicolas Prouteau, Emmanuel de Crouy-Chanel & Nicolas Faucherre, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2011, p. 61-71. Une des rares études portant sur la représentation visuelle des armes à feu dans les sources d’époque, principalement manuscrits enluminés. Un champ de recherche à explorer.

    * Robert Duncan Smith & Ruth Rhynas Brown, Bombards. Mons Meg and her sisters, Londres, Royal Armouries, 1989. Ouvrage d’histoire technique par l’un des éminents spécialistes britanniques de la question.

    * Monique Sommé, Les mesures dans l’artillerie bourguignonne au XVe siècle, dans Cahiers de Métrologie, 7, 1989, p.43-53. Essai d’approche, trop rare, des mesures anciennes utilisées dans les sources relatives à l’artillerie.

    * Dan Spencer, Royal and urban gunpowder weapons in late medieval England, Woodbridge, Boydell & Brewer, 2019.

    * Malcolm G.A. Vale, New Techniques and Old Ideals : the Impact of Artillery on War and Chivalry at the End of the Hundred Years War, dans War, Literature and Politics in the Late Middle Ages. Essays in Honour of G.W. Coopland, éd. Christopher T. Allmand, Liverpool, Liverpool University Press, 1976, p. 57-72. Article relatif aux rapports entre artillerie à poudre et esprit chevaleresque – malgré les stéréotypes omniprésents, cette question est finalement peu abordée dans la littérature.

    * Michel de Waha, Réflexions sur l’adaptation de l’architecture militaire des Pays-Bas à l’artillerie, dans Châteaux et Révolutions. Actes du quatrième colloque de castellologie, Flaran, 1989, éd. Jean-Henri Ducos et Yves Bruand, Valence-sur-Baïse, Centre de Castellologie de l’Abbaye de Flaran, 1991, p. 29-48. Article en débat avec Alain Salamagne (voir ci-dessus) sur l’intégration de l’artillerie à la fortification dans l’espace « bourguignon ».


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