Les usages que les médiévistes font du lexique, des concepts et des autres sciences sociales sont divers et peuvent dérouter l’étudiant ou le collègue étranger qui ne possède pas le même socle méthodologique, voire le chercheur qui appartient à une autre école. Le but de cette collection est de permettre à l’étudiant avancé ou à l’enseignant chercheur français et étranger de prendre connaissance des principaux apports et enjeux d’un usage dans la médiévistique.
Institut franco-allemand de sciences historiques et sociales (IFRA/SHS) organise, finance et révise la traduction en allemand des articles.
Et le Laboratoire de médiévistique occidentale de Paris a financé quelques traductions en anglais.
https://lamop.univ-paris1.fr/Forme. Les textes ne devront pas excéder 7500 caractères (espaces compris), sans notes. Sans s’interdire le passage (souvent obligé) par l’historiographie du sujet, on se concentrera avant tout sur l’usage (ou les usages) actuel. Chaque auteur de notice doit se sentir libre de donner son point de vue sur le thème qu’il traite, engagé, sans être polémique.
Nous invitons les auteurs des notices à insérer les noms des auteurs dont ils se servent entre parenthèses dans leur texte, même si le nom ne se trouve pas dans la bibliographie : l’étudiant sérieux ou l’enseignant-chercheur consciencieux saura procéder à une recherche à partir d’un simple nom d’auteur.
La bibliographie comprendra au maximum six références jugées indispensables sur la question (en donnant priorité au Moyen Âge). La bibliographie en langue française sera privilégiée sans que l’on s’interdise de citer un ou deux titres en langues étrangères (deux au maximum et principalement en anglais). Afin de profiter de la forme numérisée de notre collection, chaque auteur est invité à proposer, en bibliographie surtout mais pas seulement, des liens renvoyant à tel ou tel article ou site déjà en ligne.
Public. Étudiants avancés et enseignants-chercheurs.
Langue. Pour permettre une plus grande visibilité, une traduction anglaise et allemande de l’article sera systématiquement assurée par les éditeurs. L’auteur de chaque contribution est toutefois encouragé, s’il le souhaite et s’il le peut, à proposer une ou des traductions en d’autres langues.
Objectif . Pourquoi une publication dans Ménestrel ? Pour associer « outil » et « réflexion » et à terme favoriser des échanges entre les chercheurs. Un système de « réponses » pourrait être envisagé.
Normes éditoriales : Ménestrel s’est doté d’une charte typographique incluant des normes bibliographqiues pour l’ensemble de son site : [ Télécharger PDF - 100 ko ]
Comité éditorial. Christine Ducourtieux, Benoît Grévin, Didier Lett, Thomas Lienhard, Joseph Morsel, Valérie Theis et Jean-René Valette. Le comité peut solliciter des auteurs pour rédiger une contribution particulière. En outre, si vous souhaitez rédiger un article, vous pouvez contacter le comité pour vous assurer que le thème n’est pas déjà attribué. Toutes les propositions d’articles seront examinées par le comité, qui se réunit quatre fois par an. Celui-ci se réserve la possibilité de demander des modifications aux auteurs ou de refuser les articles proposés.
Dans le grand public, le Moyen Âge est régulièrement dénigré, encensé ou simplement convoqué pour de mauvaises raisons.
Il est encore plus souvent oublié. Les restes de cette période s’avèrent d’un abord difficile, ce qui suscite d’ailleurs autant d’intérêt que d’inquiétude ou de rejet de la part des jeunes chercheurs. Lorsqu’il écrit, l’historien médiéviste doit trouver le moyen de se défaire de deux visions qui, paradoxalement, parviennent encore à coexister lorsqu’on aborde cette période : l’impression de fausse proximité et celle de totale étrangeté. Outre qu’aucune société n’est facile à comprendre, on peut ainsi discerner trois niveaux particuliers de brouillage qui s’interposent entre le médiéviste et son objet, et dont la distinction structure la présente collection.
Un premier niveau de brouillage s’observe au niveau des restes de la société médiévale, qu’il convient moins de considérer comme ce qui n’a pas disparu que comme ce qui a été produit et conservé, à chaque fois en fonction de logiques sociales particulières et à reconnaître. D’où le thème Aborder les restes médiévaux.
Un autre effet de brouillage est introduit par les modes d’interrogation de ces restes, qui reposent moins sur des observations neutres de choses disponibles que sur la mobilisation très souvent implicite de schèmes de lecture contemporains. D’où le thème Interroger la société médiévale.
Enfin, la recherche se déroulant nécessairement dans le cadre d’échanges scientifiques et donc par la consultation des travaux des autres historiens, les techniques d’écriture mises en œuvre lors de la formalisation des résultats sont également responsables d’un certain brouillage, puisqu’elles connotent le langage historien. D’où le thème Écrire la société médiévale.
Anthroponymie - Archéologie - Cartes - Commentaires bibliques - Cursus rythmique - Diglossie - Écriture de l’histoire au Moyen Âge - Ecritures pragmatiques - Enquête - Formulaire - Hagiographie - Inscriptions - Héraldique - Latin - Lexiques médiolatins... - Liturgie - Prisons médiévales - Quaestio universitaire - Registres - SIG - Sigillographie - Sources - Sources bancaires - Sources notariées - Scripta - Statuts communaux - Traductions modernes de sources médiévales - Traités de médecine - Troubadours - Vincent de Beauvais
Contrairement aux lamentations courantes sur le « manque de sources », et sans négliger les très fortes inégalités temporelles et régionales, il s’avère que les médiévaux ont laissé d’innombrables vestiges, en général groupés sous la notion générique de « sources », et qui sont les seules présences réelles du Moyen Âge.
Le « manque de sources » correspond bien souvent à l’absence de documents propres à répondre à des questionnements qui sont les nôtres et donc à la négligence des logiques documentaires ou productives (qui ont donné naissance aux restes en question) et des logiques (médiévales ou postérieures) de conservation. La prise au sérieux de toutes ces logiques constitue toutefois un changement majeur chez les médiévistes (plus que chez les autres historiens) depuis quelques décennies.
Cette rubrique regroupe par conséquent des articles qui ont pour thème la manière dont les médiévistes (ou certains médiévistes) se préoccupent de ces « restes », qui peuvent être des objets, des monuments, des images ou des textes. Les articles peuvent porter spécifiquement sur la façon d’utiliser les documents ou certains types de document (statuts communaux, actes notariés, cartulaires, images, sources comptables, sceaux, monnaies, etc.). D’autres contributions traitent de la signification des formes du langage médiéval lui-même dans la documentation écrite, quel que soit son support (parchemin, objets métalliques, objets en cire...) : le latin, l’ancien français ou autres langues utilisées à l’époque médiévale ou encore les phénomènes de diglossie. Cette rubrique a également pour vocation d’accueillir des articles portant sur la matérialité des documents, que ce soit les modes de mise en manuscrits (codicologie) ou les modes d’écriture (paléographie) – non d’un simple point de vue technique, mais pour en signaler le sens scientifique.
Acculturation - Anachronisme - Animaux - Antiquité (la redécouverte de l’) - Communautés émotionnelles - Communications/communication - Concepts - Couleur, couleurs - Croisade et guerre sainte - Don - Espace - Ethnie (Islam) - Ethnogenèse - Famille - Fiscalité - Genre - Histoire des Juifs - Histoire religieuse - Honneur - Images - Imprimerie - Magie - Méthode régressive - Réforme -Rituels funéraires - Rythmes - Sacré - SIG
Contre la croyance naïve qui voudrait que le chercheur fût capable d’appréhender la réalité des sources sur la base d’une démarche de lecture neutre garantie par des procédures purement techniques (paléographie, codicologie, etc.), les médiévistes sont désormais de plus en plus conscients des distorsions introduites dans notre compréhension des restes médiévaux par les schèmes de pensée qui nous habitent avant même que nous ne les abordions.
Ces schèmes, qui fonctionnent comme de véritables cages mentales, sont propres soit à la société dans laquelle nous vivons, soit aux traditions académiques ou scientifiques qui encadrent notre pratique. Si le problème de la légitimité des catégories d’analyse n’est pas propre à l’histoire médiévale (il suffira de rappeler le cas de « l’incroyance » questionnée à propos du siècle de Rabelais), c’est elle qui a connu et continue de connaître, depuis l’entre-deux-guerres, en France et ailleurs, les débats les plus vifs autour des notions qu’il est loisible d’employer pour traiter de la société médiévale.
Il importe par conséquent, d’une part, de signaler et questionner les catégories à travers lesquelles nous pensons, usuellement ou professionnellement, le social et que nous rétrojetons sur la société médiévale, et d’autre part de signaler les tentatives d’analyse « décalée », à l’aide de concepts abstraits, destinées à produire de nouvelles formes de discours. La série d’articles déjà réalisés devrait ainsi être complétée par des contributions portant sur la distinction que nous opérons entre église et Église ou encore entre Au-delà et ici-bas, sur l’usage de notions fortement chargées actuellement comme celles de frontière, de salaire, d’économie, etc.
Augustin Thierry (Récits des temps mérovingiens) - roi Arthur - Bakhtine - Bande dessinée - "Cathares" - Cinéma occidental - Dark Ages - Elias - Internet - François d’Assise - Fustel de Coulanges - Histoire des Juifs - Michele Amari - médiévalisme (et des études sur le médiévalisme...) - Métaphore « historienne » - Michelet - Notes de bas de page - Saint-Simon (Mémoires du duc de) - Vocable « mozarabe » - Zurita
L’accumulation particulièrement importante d’obstacles ou au moins de difficultés signalées ci-dessus explique sans doute que les historiens médiévistes aient été depuis longtemps – plus encore que leurs collègues travaillant en histoire contemporaine – attentifs à la manière d’écrire l’histoire du Moyen Âge.
Il leur a fallu et il leur faut toujours trouver le moyen de rendre intelligible une société et ses changements auprès d’un public loin d’être conquis d’avance, même à l’intérieur du milieu intellectuel. À partir des années 1970, le résultat de cet effort de réflexion a été jusqu’à faire de certains ouvrages scientifiques des succès de librairie dont la réception est allée au-delà des espérances de leurs auteurs. Les médiévistes ont aussi montré en de nombreuses occasion que le travail sur l’écriture de l’histoire était loin de se limiter à des questions rhétoriques, qu’il était indissociable d’une réflexion sur la manière de traiter son matériau, et aboutissait à des innovations méthodologiques dont les répercussions ont été bien au-delà du champ de la seule histoire médiévale.
C’est en partie à l’ensemble de ces expérimentations d’écriture, qu’elles aient été imitées ou oubliées, poursuivies ou critiquées, mais aussi à l’ensemble de ceux qui les ont mises en œuvre que cette rubrique prétend s’intéresser. Il s’agira aussi de réfléchir à la manière dont les travaux de spécialistes d’autres disciplines (sociologie, anthropologie, philosophie, droit, etc.) ont pu inspirer ou au contraire susciter débats et réactions chez les médiévistes. On voudrait enfin profiter de cette rubrique pour revenir sur des usages d’écriture, qui pour faire partie non pas cette fois de l’expérimentation, mais de la « pratique commune » des historiens, n’en méritent pas moins d’être interrogés pour ce qu’ils révèlent de la manière dont les historiens travaillent mais aussi pensent (ou parfois oublient de penser) aux implications de leur travail de mise en forme de leurs recherches.